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Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/188

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— Pour vous, señor Cigale, oubliez Roseraie. Roseraie est mort. Rosales seul existe.

Dans l’après-midi de ce jour, l’hacendado prévint le jeune homme que lui-même ferait partie de l’expédition. Un télégramme lui avait apporté la réponse de son ami. Celui-ci consentait à diriger l’exploitation du domaine de San Vicente, en l’absence de Rosales.

C’est ainsi que le lendemain matin, au milieu des souhaits des peones assemblés, la Mestiza s’était mise en route, suivie des chasseurs Francis et Pierre, de Fabian et du chef le Puma avec ses Indios Mayos. Cigale fermait la marche avec Vera.

La jolie fillette avait pris son déguisement au sérieux. Veste soutachée, pantalon mexicain, large sombrero, lui donnaient l’apparence d’un gentil jeune homme, un peu frêle, aux mains trop blanches, aux pieds mignons.

Mais elle se tenait droite en selle. Sa carabine accrochée à l’arçon, son revolver, son machete, composaient un ensemble très martial.

— Un peu opéra-comique, avait confié le Parisien à Fabian.

— Bah ! avait répondu l’hacendado, j’espère qu’elle renoncera à sa folle équipée avant que nous ayons quitté le territoire mexicain.

Il se trompait. La tendresse éclose dans le cœur de la jeune fille lui assura le courage de supporter les fatigues d’interminables chevauchées, sous un soleil de feu.

La petite troupe foula le sol mexicain le plus longtemps possible, remontant la rive droite du Rio Grande. Au Paso del Norte, il fallut cependant l’abandonner, le fleuve coulant à partir de ce point au milieu du chaos montagneux de l’ouest de l’État du Nouveau-Mexique.

Évitant les presidios (bourgades), dissimulant leur marche, Dolorès et ses amis s’enfoncèrent dans les gorges de la Sierra Bianca, et par le lit asséché du Rio Rondo parvinrent au Rio Pecos, dont les eaux peu profondes coulaient lentement vers le sud. Jusque-là, aucun danger, n’avait menacé les voyageurs, mais au bord de cette dernière rivière, une découverte, sans importance en apparence, les avertit que l’heure de la lutte allait bientôt sonner.

En approchant du gué, grâce auquel la caravane