Aller au contenu

Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble… Eh bien, maintenant, n’apercevez-vous pas des buissons ?

— Si, en effet, déclara Rosales, après avoir considéré le point désigné.

Et, avec un cri :

— Mais cette poussée de buissons n’est pas unique… Là-bas, à droite, voici un massif de plantes qui n’existait pas davantage.

— En voici d’autres, d’autres encore… partout autour de la hauteur, appuya Vera.

Distraits de leurs préoccupations par la mimique expressive des trois personnages, Francis et Pierre vinrent à eux.

— Qu’est-ce ?

— Ces buissons !

Un rapide examen et les chasseurs prononcèrent ce seul mot :

— Indiens.

— Des Indiens ! s’écria Cigale. Où prenez-vous des Indiens ?

— Dans ces feuillages tout simplement.

— Dans ces… ?

— Oui. Une ruse dont ils sont coutumiers. Veulent-ils surprendre un ennemi, ils font, à l’aide de branchages, un buisson factice qu’ils dressent devant eux. Puis, à l’abri de cet obstacle, ils s’avancent insensiblement.

— Ainsi vous pensez… ?

— Que les chiens se disposent à nous attaquer. Ah ! si les munitions n’étaient pas si rares, je leur montrerais de quel bois se chauffent de braves chasseurs. Mais voilà… trop peu de cartouches. Il faut les laisser approcher pour qu’aucune balle ne soit perdue.

Et, montrant le poing aux broussailles, Pierre ajouta avec une fureur comique :

— Vermines du désert ! Ils se figurent qu’ils nous trompent avec leur stratagème, bon tout au plus pour des soldats de la milice.

En dépit de la gravité des circonstances, la colère de l’engagé dérida un instant les auditeurs, mais bientôt l’imminence du danger éteignit les rires.

Une attaque était chose terrible, à cette heure où les munitions manquaient.

Néanmoins, il fallait se préparer à la subir.

Tous les combattants furent appelés. Tous prirent leur poste de bataille. Le fusil en mains, le visage