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Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/314

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faisaient une chevelure hérissée de pointes acérées.

Des chevaux entravés à quelques pas montrèrent à la jeune fille que toute tentative de fuite serait inutile.

Mais elle se rassura aussitôt.

Les officiers étaient munis de fusils de chasse, preuve qu’ils se disposaient à une de ces parties dont ils sont aussi friands que leurs collègues de l’armée anglaise.

Dès lors, il lui sembla n’avoir rien à craindre, et elle s’avança d’un pas assuré vers ces hommes.

L’un d’eux, grand gaillard sec, aux cheveux et à la barbe d’un ton roux, ayant conservé la raideur qui trahissait son origine anglo-saxonne, s’était levé et la regardait venir.

À trois pas, il l’arrêta :

— Halte !

Elle obéit, espérant que sa docilité abrégerait l’entretien.

— Squaw, demanda l’officier, à quelle tribu appartiens-tu ?

— Séminole, señor.

— Ah ! et comment es-tu si loin des villages de ta tribu, car si je ne m’abuse, il y a au moins un jour de marche d’ici aux territoires qu’elle occupe ? Est-il donc d’usage chez les Séminoles que les femmes s’éloignent ainsi ?

— Les femmes séminoles suivent les guerriers, lorsqu’ils se livrent au plaisir de la chasse.

Le Yankee se prit à rire :

— Ah ! Ah ! tu suivais des chasseurs, parfait, cela ne te changera pas.

La Mestiza se sentit pâlir.

Dans les paroles de son interlocuteur, elle venait d’entrevoir le danger. Mais le milicien ne lui laissa pas le loisir de se reconnaître.

— Tu regagnais ton village ?

— Oui, señor.

— Tu y retourneras aussi bien demain.

— Un vieillard, mon père, m’y attend avec anxiété, car je dois lui rapporter des nouvelles d’un guerrier qui a été blessé dans la prairie.

— Bah ! Vingt-quatre heures de plus ou de moins ne sont rien. Nous avons besoin d’une servante pour préparer notre repas, tandis que nous serons à l’affût autour de cette éminence. Je te rencontre, je te