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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/112

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

engagements que vous avez voulu, Laura… eh bien, je les tiendrai, s’il y a lieu ; n’exigez pas davantage.

Elle agita ses jolis pieds dans ses mules…

— Je n’exige rien, mon père… Que pourrais-je exiger d’ailleurs ?… Je vous ai demandé la promesse de me laisser libre de mon choix ; … j’ai votre parole.

— Je vous ai donné plus que cela, ma Laura, beaucoup plus. La terre est peuplée de courants d’air, et une promesse verbale peut s’envoler. J’ai rédigé un acte en double expédition, dont vous avez un des originaux, c’est-à-dire un papier que vous pourriez utiliser en justice contre moi. Je suis donc engagé d’honneur.

— Oh ! cher papa, oui, vous êtes bon ; mais…

— Attendez… je ne suis pas bon, je suis correct. Les affaires sont les affaires. Du moment où ma fille chérie est en mesure de me faire un procès et de le gagner, il serait indigne d’un homme sensé de se souvenir qu’Orsato Cavaragio ne serait pas content, si…

Laura eut une moue mécontente.

— Je dois en parler, reprit tranquillement le milliardaire, car il est un des plus riches propriétaires de l’Ouest. Sa fortune équivaut à l’a nôtre, et le jour où il est venu me dire : « Master Topee, voulez-vous que nous fassions une soudure à nos deux situations : donnez-moi votre fille en mariage, cela nous donnera un capital disponible de deux milliards trois cent soixante-dix-sept mille francs trois cents… ». J’ai répondu : Affaire faite, si la soudure consent, car je ne la contraindrai en rien ; elle est une citoyenne libre de la libre Amérique. Consultée, tu as ajourné ta réponse à notre retour de Paris…

— Où Ellen Paddock, mon amie de pension, nous mandait pour assister aux fêtes de son union avec un gentilhomme français, le duc de Bezons.

Ézéchiel secoua gravement la tête :

— C’est cela même. Nous sommes venus. Huit jours après notre arrivée, tu me dis : « Avez-vous remarqué, mon père, que toutes les Américaines riches ont épousé des descendants de la noblesse française ou anglaise ?

— Vous répondîtes : « Certainement, j’ai remarqué ; mes yeux ne sont pas cachés par des coquilles de noix ».

— C’est cela même. Tu ajoutas : « Constatez-vous qu’un titre fait partie de la toilette ainsi que les bijoux ? » Moi, je dis : « Si tu penses, je pense aussi ».