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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/114

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Dans le cas contraire, j’accepte. En foi de quoi, mon doux sucré père, nous avons rédigé l’acte que vous rappeliez tout à l’heure, lequel est valable jusqu’à notre arrivée en Amérique. Malheureusement dans la France, je n’ai pas rencontré, et j’ai peur de ne pas rencontrer, parce que les princes vraiment grands sont exilés, avec le titre de prétendants… et nous allons quitter dans deux ou trois semaines.

Le milliardaire embrassa tendrement sa fille.

— Tu raisonnes comme feue ta mère. Un prince est un prince et un dollar est un dollar… Seulement si je sais fabriquer des dollars, j’ignore la fabrication des princes… Cherche et trouve… je paierai sans marchander.

Laura trépigna, se frotta les yeux, en essuyant, rageusement des larmes absentes :

— Et si je ne trouve pas de prince disponible.

— Tu en seras quitte pour te marier contre Orsato.

— Et Ellen sera duchesse, et je ne serai que riche.

— Bah ! c’est encore le meilleur.

— Mais pas le plus joli, et c’est cela qui me désole.

Dodekhan haussa les épaules :

— Tiens… férue de noblesse à ce point… Si mon frère était Prince de titre, au lieu de l’être seulement de nom… le mariage eût été une solution qui l’eût fait riche sans causer de dommage à ce bon gros M. Topee…

Mais avec une sorte de lassitude :

— Enfin mon Prince n’est pas prince… il n’est peut-être plus de ce monde… et s’il en est… à vingt-sept ans, car il y a vingt-sept ans aujourd’hui, il a peut-être engagé sa liberté à une autre.

Un coup d’œil encore au miroir téléphotique.

Le milliardaire était seul à présent. Sa fille s’était retirée.

— Une enfant gâtée et vaniteuse… non, rien à faire de ce côté.

Il abaissa le levier d’arrêt de l’appareil. Le microphone devint muet ; toute image s’effaça sur la plaque téléphotique.

— Allons, aujourd’hui encore, je puis travailler à l’Œuvre de Dilevnor, puisque l’héritage de la « Française » me laisse des loisirs. Jusqu’à ce que Kozets me rapporte des documents sur la famille Prince, oublions cela.

Il sortit.

Quelqu’un qui l’eût suivi eût été surpris de voir ce jeune homme pénétrer dans diverses ambassades, y être reçu avec un respect évident.

Successivement il se rendit aux ambassades ou légations de Turquie, rue