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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/244

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LE PRINCE VIRGULE.

— Satané Bring… il a été en relations avec toute la société huppée du Canada…

— Et même des United States, master Troll.

— Soyez tranquille, le señor Orsato devient votre associé… Il vous marquera, j’en suis certain, une considération particulière, pour vous faire oublier un malentendu qu’il doit déplorer.

Tiennette comprit que l’entretien allait prendre fin.

Au surplus, elle en savait assez.

Ouvrant délicatement la porte, elle se glissa sur la passerelle, traversa en courant la voiture louée par elle-même, jeta aux curieux rassemblés dans le véhicule suivant :

— Mon adversaire est lâche, elle n’a pas osé venir. Messieurs, vous pouvez disposer de mon wagon.

Et continua sa course sans s’attarder davantage. À Broadwiew, Nelly descendit. À travers la glace, Tiennette la vit, sur le quai, se rapprocher de Bring, qui portait piteusement le bras en écharpe.

Puis le convoi repartit.

Alors la modiste entraîna sans affectation Dodekhan et Kozets sur une passerelle de communication et leur apprit ce qu’elle venait d’entendre.

À sa grande surprise, Dodekhan lui prit les mains, et avec une joie profonde, murmura :

— Maintenant le bonheur d’Albert est assuré.

— Vous croyez ?

— Oui, qu’il se taise quelque temps encore, — et il se taira, car vous et votre père l’avez admirablement fait entrer dans l’imbroglio… — nous serons maîtres de la situation en tous points.

Et la curieuse Tiennette l’interrogeant encore, il refusa de s’expliquer.

Seulement, en arrivant à Swift-Current, il allégua des intérêts au Klondike pour quitter les milliardaires. Il promit seulement que, sous peu, il laisserait son compagnon Kozets libre de rejoindre les Canadiens.

Et il avait tenu parole. Le prince Virgule et sa suite étaient à peine installés depuis quinze jours chez le roi du cuivre, quand Kozets reparut. Sans retard il annonça mystérieusement à la modiste que les menées de Nelly n’étaient plus à craindre, les contre-mines nécessaires ayant été disposées, et qu’il dépendrait uniquement d’elle de les faire réussir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Réveillant le souvenir de ces divers événements, Tiennette avait abandonné les rênes, et son cheval ne sentant plus peser sur lui l’impatience et