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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/247

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

Elle le considéra avec stupeur.

— Vous savez cela ?

— Kozets n’est là-bas que pour me renseigner.

Elle serra les poings d’un air de menace :

— Oh ! le cachottier qui ne m’a rien dit.

Le pseudo-Indien secoua la tête :

— Il dit ce que je le charge de dire, il tait ce que je juge devoir être tu.

Et doucement :

— Il vous a cependant recommandé de venir à Désastre-Rocks par la grande route.

— Oui, et j’ai obéi.

— Je n’en doutais pas, je vous attendais.

Elle eut un sourire mutin, ce sourire de la Parisienne frondeuse qui se résout, non sans peine, à l’obéissance.

— Alors vous vouliez me voir ?

— Oui, et vous charger d’une mission capitale.

Il s’était approché tout en parlant. Il prit la bride du cheval, l’amena tout au bord de la route.

Puis saisissant la main de la modiste, il fit glisser à son doigt une bague d’or retenant un magnifique saphir.

Tiennette n’eût pas été femme si pareil présent ne l’avait fait sourire.

— Oh ! que c’est beau ! fit-elle.

— Un instant… Je n’accomplis ici qu’une mission dont M. Kozets m’avait chargé.

— M. Kozets ?

— Oui, il est timide, très timide, et comme il me le disait encore récemment, il se trouve bien laid, pour offrir une pierre précieuse à la charmante Parisienne que vous êtes.

Comme malgré elle, Tiennette murmura :

— Est-il vraiment si laid que cela ?

Il y eut une flamme gaie dans les yeux du faux Indien ; puis sans paraître avoir entendu la réflexion :

— Ma commission est faite. Passons aux choses graves. Demain, à minuit, soyez au nord du massif rocheux qui recouvre les cavernes de Swift-Current.

— À minuit ?

— Vous en étudierez les parages durant la journée. Je vous présenterai à mes Indiens, car à dater de ce moment vous les commanderez…