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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/263

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Il est vrai que je la fais parler à ma guise. Elle ne dit sûrement pas un mot de cela, pour la raison excellente qu’elle ne voit, n’entend rien, et ne comprend évidemment pas davantage l’aventure qui l’a conduite dans une caisse aussi close… Ma foi, je vais la rassurer…

Et se dressant sur les étriers, il appela :

— Kozets !

— Seigneur, répondit la voix de fausset du policier russe.

En même temps une forme sembla jaillir comme une gargouille du sommet de la roulotte et, glissant le long de la paroi, vint tomber à deux pas du cavalier en répétant :

— Seigneur !

— Surveille mon cheval en même temps que les autres, je vais rassurer la prisonnière.

Et jetant les rênes à son compagnon, Dodekhan se laissa dépasser par le chariot qui roulait lourdement.

À l’arrière, il ouvrit une porte, se glissa par l’ouverture et disparut.

La roulotte était partagée en plusieurs alvéoles par des cloisons transversales. À peine enfermé dans le premier compartiment, le pseudo-Flèche de Fer perçut des gémissements, des cris confus.

— Oh ! oh ! la pauvre se désespère !

C’était vrai.

Peu à peu, l’engourdissement qui paralysait Laura s’était dissipé… Elle avait regardé autour d’elle ; vainement, car une obscurité profonde l’environnait.

— Ah çà ! que veut dire ceci ?

En Américaine que rien ne saurait étonner, la jeune fille étendit les bras, marcha avec précaution.

Au bout de trois pas, ses mains rencontrèrent un obstacle, qu’au toucher elle reconnut être une cloison de bois.

— Je ne suis pas dans ma chambre !

Il y avait un commencement de surprise dans cette affirmation.

— Et puis ce plancher qui cahote… ; on dirait que cela se déplace sur des roues.

Elle se retourna, répéta sa manœuvre. Au moment où elle comptait le septième pas, elle fut derechef arrêtée par une paroi de bois.

— Oui… c’est un chariot… Sans doute une précaution de mon père… Mais je préfère le grand air, moi ; j’aime mieux rentrer à Swift-Current autrement que cela.