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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/301

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Confiez-les-moi… En chemin, vous n’attirerez pas l’attention.

Sans défiance, l’interlocutrice de Dodekhan lui remit les objets demandés, montrant ainsi un minois rose, des cheveux dorés ; puis, légère comme une gazelle, elle s’enfuit au pas gymnastique.

Le faux Indien suspendit manteau et coiffure aux branches d’un buisson, appela du geste Laura, Albert, et rapidement :

— Miss, voici le déguisement pour vous… Hâtez votre toilette et ne vous laissez pas surprendre.

Lui-même revint devant l’édicule.

Par deux fois encore il recommença la même scène. Il avait bien compris les salutistes. Aucune ne résista à l’attraction matrimoniale.

Le mot magique : mariage, était à peine prononcé, qu’elles abandonnaient manteau et chapeau.

Dodekhan revêtit l’un, coiffa l’autre ; puis, rejoignant ses compagnons qui en avaient fait autant :

— Nous voici déguisés. Montons dans le train, et tâchons de nous glisser dans un compartiment, dont les autres places soient déjà occupées. De la sorte, nous n’aurons pas de salutistes avec nous, et nous ne risquerons pas d’être démasqués.

— Mais jusqu’où irons-nous ?

— Jusqu’à la première station d’arrêt. Là, nous louerons des chevaux et nous gagnerons la montagne… Je vous transformerai en Indiens. Nous rejoindrons alors mon chariot et, à petites journées, nous atteindrons la frontière canadienne, puis Swift-Current.

Tous deux lui serrèrent les mains.

À sa suite, ils traversèrent les salles d’attente. Un employé interrogé déclara que les salutistes s’étaient groupées en tête du train, ce qui décida aussitôt les fugitifs à se porter vers les wagons d’arrière.

Le long du convoi les employés couraient, fermant les portières, houspillant les voyageurs retardataires.

Dodekhan, Albert et Laura aperçurent au loin des grands chapeaux, des mouchoirs qui s’agitaient. Ils répondirent à ces signaux et firent irruption dans un compartiment où toute une famille, composée du père, de la mère et de quatre moutards barbouillés, s’empilait déjà.

Poussant l’un, pressant l’autre, ils réussirent à s’asseoir, au moment même où une secousse, une trépidation métallique, annonçaient que le train quittait Victoria-City.

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