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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/31

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III

MONA LABIANOV


Quatorze ans, blonde dorée, un teint de rose pâle, des yeux de pervenches, un sourire espiègle et une mélancolie douce, telle apparaissait Mona, fille unique et adorée du gouverneur d’Aousa.

Elle se tenait pensive devant le grand feu qui flambait dans la cheminée du salon.

En face d’elle, ayant à portée une petite table sur laquelle se trouvaient la théière russe et le carafon d’eau-de-vie de grains, accessoires obligés de toute soirée sibérienne, le général Labianov et le policier Kozets causaient à mi-voix.

Un peu à l’écart, plongée en apparence dans la lecture laborieuse d’un gros volume, se tenait, écrasée dans un fauteuil, une femme d’une quarantaine d’années, aux cheveux blond filasse, au teint brouillé, au milieu duquel rutilait, tel une rosette de la Légion d’honneur, un petit nez pointu, bizarrement retroussé, outrageusement rouge, formant une saillie à peine suffisante pour que de lourdes lunettes y trouvassent un appui.