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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/415

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Je ne sais de quel mensonge vous parlez, mais je crois que pareil mensonge se nomme dévouement, fit-elle de sa voix douce.

— Dévouement facile, car j’étais heureux d’être auprès de vous, de vous entendre, de vous voir.

— Je ne vois rien dans ce que vous exprimez qui me puisse désobliger, interrompit la jeune fille.

Peut-être en son accent y avait-il comme une tendre raillerie. Prince ne s’en aperçut point. Il continua :

— Et puis, un jour vint où l’on me dit : il faut mentir encore si tu souhaites la voir plus longtemps ; sinon fais-lui tes adieux. Pars, retourne à la vie errante, solitaire.
xxxxAh ! je vous le jure, Laura, j’étais décidé à accomplir le devoir, si pénible qu’il pût être, mais les circonstances, votre père lui-même semblant prendre à tâche de me retenir auprès de lui… ; j’ai été lâche, j’ai été coupable… mais je vous appartenais tant… et puis, j’espérais que le hasard dénouerait l’aventure, que je pourrais donner ma vie pour vous.

— Le brownie, murmura-t-elle, qui m’eût dévorée, sans votre courage…

— Oui, le brownie, reprit-il en courbant la tête. Lui… ou autre chose. Seulement, dans mes rêves, je vous sauvais en périssant moi-même, et je vous laissais le souvenir d’un dévoué, d’un ami sincère… tandis qu’à présent ?