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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/418

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LE PRINCE VIRGULE.

— Oui, mais à moi, tu as juré de respecter ceux-ci et de les faire respecter par tes compagnons.

Non sans une évidente surprise, l’Indien protesta :

— Je n’ai rien promis de semblable.

— Ah ! tu n’as pas promis ?

— Non !

— Et tu n’as pas reçu de moi un sac de dollars, à partager avec tes frères, justement pour assurer à mes amis le bon vouloir de la tribu ?

— Ochs ! firent les assistants.

Les dollars, pour les Rouges, représentent de la poudre, de l’eau de feu, les deux choses qu’ils aiment le plus au monde. Aussi, nul crime ne leur paraît plus grand que de détourner de l’argent.

Renard des Roches comprit la perfidie de l’insinuation du jeune homme, qui, en réalité, ne lui avait rien offert et rien donné, pour l’excellente raison qu’à son départ la caisse était à peu près à sec.

Aussi se récria-t-il avec énergie.

— Tu ne m’as point remis d’argent !

— Tu mens !

— Ta langue seule est menteuse ?

Le pseudo-Flèche de Fer haussa les épaules :

— Les discours inutiles doivent être laissés aux squaws bavardes. Chefs, allumez des torches, je veux prouver la fourberie du Renard des Roches.

Haletants, Albert, Laura et Kozets, suivaient la scène, ne devinant pas où leur ami voulait en arriver.

Mais des torches s’enflamment, une lueur rougeâtre fait sortir le campement de l’ombre.

Dodekhan distingue les captifs, il les rassure d’un geste de la main.

Puis il revient vers le Renard des Roches.

— Tu refuses de remettre aux guerriers leur part de la rançon que j’avais payée ?

— Tu ne m’as rien donné, hurle l’Indien Corbeau.

— Bien, les Esprits de Justice permettront que je te confonde !

Et avec une gravité sacerdotale, exécutant le tour classique de tous les prestidigitateurs, il saisit délicatement le bout du nez du chef, puis ramène sa main à lui, montrant aux hommes rouges ébahis un dollar qu’il semble avoir tiré des narines de son adversaire.

Celui-ci reste ahuri, ne comprenant pas la présence de cette pièce dans son appendice olfactif.