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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/464

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LE PRINCE VIRGULE.

— Cela de grand cœur, car nous en sommes complètement dépourvus.

Et avec un sourire :

— Seulement, songez qu’ainsi vous augmenterez notre vigueur pour le dernier combat.

— S’il doit avoir lieu, mon général ; je souhaite que vous disposiez de tous vos avantages.

— Ma foi, monsieur, on ne saurait être plus noblement ennemi.

Labianov serra la main de son interlocuteur, qui se retira pour revenir bientôt avec plusieurs petits soldats jaunes, portant en des corbeilles toutes les provisions que l’on avait pu réunir.

Au moins les assiégés ne connurent pas la faim.

La journée, puis la nuit s’écoulèrent. Le lendemain commença. Avec une impatience angoissée, tous comptaient les heures qui coulaient une à une, rapprochant sans arrêt l’instant où ces vaillants allaient mourir.

Midi.

Encore trois heures.

Qu’elles furent lentes pour ces hommes !

À deux heures cinquante, le général Stanislas Labianov se rencontra une fois encore avec l’officier nippon. Les deux chefs échangèrent ces quelques mots :

— Deux heures cinquante, mon général.

— Oui, monsieur, le feu reprendra dans dix minutes.

— Rien ne peut faire fléchir votre résolution ?

— Rien, n’insistez pas, vous me désobligeriez.

— Alors, mon général, permettez-moi de vous serrer la main.

Et d’un ton Impossible à rendre, le Nippon conclut :

— Mon général, je vous souhaite une blessure qui me permette encore de vous sauver.

Sur ce, ils se séparèrent, chacun rejoignant ses soldats.

À l’intérieur de la cabane, chaque combattant occupait son poste de combat. Dans les troncs d’arbres formant les parois, faible obstacle contre la pénétration des balles modernes, des meurtrières avaient été ouvertes, et les tireurs se tenaient auprès, fusil chargé, prêts à jouer le dernier acte de la sanglante tragédie.

Mona vint à son père, l’embrassa longuement.

— Adieu ! père.

— Non, pas adieu  ;… toi, tu n’es pas un soldat, tu peux être sauvée.

Elle arrêta Labianov.