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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/67

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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

Cette fois Mona, quelle que fût sa bravoure native, se sentit paralysée par la terreur.

Elle se tourna vers son institutrice.

Lisbe blême, les yeux clos, s’était renversée en arrière sur les fourrures.

Elle était évanouie.

La jeune fille reporta ses regards en arrière.
Vas’li roula dans un amoncellement de neige.

Des blocs glacés masquaient maintenant l’endroit où s’était produit l’accident, qui avait privé les voyageuses de leur unique défenseur.

Elle était seule !

Seule sur ce traîneau cahoté, que l’attelage éperdu emportait en une glissade affolée sur la banquise convulsée.

Et les loups ?

Ils s’étaient rapprochés.

Chacun s’était porté d’un côté, serrant de plus en plus les chiens, parcourant des diagonales inflexibles qui se croiseraient fatalement à quelques centaines de mètres en avant.

Un afflux de sang emplit le cerveau de Mona de pensées et de bourdonnements confus.

Là-bas, en un point que ses regards fixaient, le véhicule s’arrêterait brusquement, les chiens reflueraient pêle-mêle sur l’avant, se blottiraient entre les patins recourbés, et les fauves affamés, dont les dents blanches crénelaient la gueule sanglante, bondiraient sur les voyageuses.

Non, Mona se défendrait.

Est-ce que là-bas, à Sakhaline, Vas’li ne lui apprenait pas à tirer au pistolet ?