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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/157

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bientôt la terreur des adversaires de l’indépendance.

Sous les bannières de Bolivar, toujours proscrit, toujours passant de la victoire à la fuite, on venait s’enrôler de partout, d’Angleterre, de France, d’Écosse. Il empruntait de l’argent, échappait à des attentats. Malgré la valeur certaine du général Morillo, son adversaire, Bolivar accomplissait des coups de main audacieux, traversait les Andes par la saison des pluies, s’emparait de Bogota, fondait en 1819 la République de Colombie unie au Venezuela. En 1825, après le Chili, l’Uruguay, le Paraguay, Buenos-Ayres, le Pérou devenait libre, L’Espagne perdait toutes ses terres. Et parmi les drapeaux enlevés aux régiments qui combattaient pour sa cause, s’en trouvait un qui avait bien son prix ; c’était celui avec lequel François Pizarre, trois cents ans auparavant, était entré dans la capitale des Incas, — lesquels, en somme, avaient pris leur revanche.

Après avoir quelque temps gouverné le Pérou en qualité de dictateur, Bolivar revint en Colombie. Il y était soupçonné de vouloir instaurer la monarchie à son profit, ce qui lui valait de nombreuses inimitiés, et l’obligeait à parler assez fréquemment en public de « l’horreur » que lui inspirait le pouvoir suprême. En tout