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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/165

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LE VENEZUELA

Le Venezuela est la patrie de Bolivar et du plus pittoresque des candillos, celui que l’on a comparé à un Khan tartare, le célèbre Paez, qui, lorsqu’il arriva au pouvoir, ne savait pas se servir d’une fourchette pour manger à table. Au Venezuela, le clergé ne joue pas un rôle aussi important qu’en Colombie. En revanche, les sentiments d’égalité y sont très vifs, et un César d’origine populaire ne pouvait que rencontrer l’adhésion des masses.

Chose extraordinaire, Paez, ce chef de hordes, se révéla comme un très habile homme d’État, tel, jadis, Robert Guiscard dans l’Italie du Sud. De l’épouvantable anarchie créée par la guerre civile, Paez s’efforça, dès ses débuts à la présidence en 1831, de faire naître une nation. Réélu ou rappelé plusieurs fois au pouvoir, le rude partisan, qui avait réussi, avec ses llaneros, à soulever tout un peuple pour l’indépendance, puis à fomenter le mouvement sépa-