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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/174

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tion sera mon guide, la faire prévaloir sera mon devoir.

Ce fut une dictature assez rude. Il commença par faire aux unitaires une guerre sans merci et d’une cruauté banale en ces pays. Mais il mit fin aussi aux incursions des sauvages indiens des pampas du Sud, et la popularité de Rosas, servie par une presse habilement dirigée et censurée, devint considérable dans le peuple.

Il se fit donner par la Chambre « toute la puissance publique », puis un plébiscite confirma son pouvoir. Tous les cinq ans, Rosas pria la Chambre de le rendre au repos, et tous les cinq ans la Chambre lui décerna de nouveaux honneurs. Il demeura dictateur jusqu’en 1852.

Les gauchos le surnommaient le Washington du Sud, bien qu’il ne ressemblât guère à son modèle. C’était en tout cas un homme d’une intelligence vive et d’une grande puissance de travail. Il s’occupait lui-même de tout : armée, police, finances, presse, administration, diplomatie. La plus stricte discipline régnait autour de lui ; et ses adversaires lui ont longtemps reproché ses exécutions massives. Il n’avait pas de scrupules, mais une sorte de cruel génie d’invention dans le terrorisme. Un matin, dans les rues de Buenos-Ayres, des marchands ambulants criaient : « Des pêches ! Des pêches ! » Quand