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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/200

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Les événements lui donneront bientôt raison. La décomposition intérieure de l’Empire s’accélère par le défaitisme. La trahison, l’espionnage et la concussion sont partout. Le moral de l’armée et du peuple fléchit de mois en mois. La Douma n’est pas sûre. Le tsar, plein de bonne volonté, est isolé et impuissant. La majeure partie de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie l’a abandonné. Chacun conspire de son côté : les uns pour instaurer une régence, les autres pour établir un régime républicain.

Le 6 mars 1917, il y a 43 degrés au-dessous de zéro à Saint-Pétersbourg. Toutes les canalisations de chauffage ont éclaté, les trains sont immobilisés. La farine n’arrive plus. Pourtant, jamais les milieux socialistes n’ont moins songé à la révolution. Le 8 mars, au matin, un certain Kerensky, député socialiste-révolutionnaire, affirme qu’une émeute est impossible pour l’instant.

Cependant, à midi, elle éclate sans préméditation. Les ouvriers se sont mis en grève, ils ont pillé les boulangeries. Le 9, tous les faubourgs sont en rumeur. La garnison compte cent mille hommes. Mais les cosaques tirent sur la police au lieu de charger la foule. La plupart des régiments fraternisent avec les manifestants. En cent heures, le régime tsariste est renversé