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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/224

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tions avec la Turquie, pour importantes qu’elles aient été au cours des siècles et qu’elles demeurent encore, n’ont pas l’urgence de nos relations avec l’Allemagne, l’Italie, la Russie. Il faut pourtant convenir que si l’on juge une dictature aux changements qu’elle apporte à un pays, il n’est pas de gouvernement nouveau qui ait apporté des transformations aussi radicales que le gouvernement de Mustapha Kemal. Par là, ce dictateur moderne, qui veut faire de son pays un pays européen, qui se réclame de la Révolution française, qui admire l’Amérique, et qui veut être à « l’avant-garde » de son temps, nous rappelle beaucoup certains souverains orientaux. Il y a en lui du Washington et du Gengis-Khan à la fois. Mais il est bien évident que l’homme à qui il ressemble le plus est encore Pierre le Grand, le tsar qui voulut faire de la Russie, en quelques années, une nation européenne, et qui obligeait les boyards à couper leur barbe sous peine de mort.

Mustapha Kemal (Kemal signifie « le Parfait ») est né à Salonique en 1880. Son origine n’est pas très certaine : quelques-uns le disent Anatolien de pure race, d’autres Macédonien, c’est-à-dire Slave mâtiné de Bulgare, du pays le plus métissé d’Europe, d’autres encore le font Albanais. Quoi qu’il en soit, il est de souche