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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/263

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tateur se trouva devant le vide. Il ne sut pas s’en aller à temps. Alors, comme don Quichotte, il partit en guerre contre tout, inconsidérément. Il multiplia les brimades et les amendes, s’aliéna la presse, supprima le Tribunal suprême. Enfin, il inventa une Assemblée Nationale, caricature du Parlement, avec des scrupules de légalité.

La dictature ressuscitait le parlementarisme ! C’était l’Empire libéral. Il y avait un peu de Napoléon III, c’est-à-dire un peu de nonchalance, de doute de soi-même, de condescendance pour les idées de l’adversaire chez ce dictateur qui donnait l’impression de ne pas croire à la légitimité de sa dictature. L’opposition se sentit encouragée. Bientôt l’armée, l’Université et le monde des affaires se trouvèrent unis pour faire échec aux projets du général.

Dans l’armée, ce fut, selon la tradition espagnole depuis un siècle, l’artillerie qui mena la révolte ; l’arme à deux tranchants du pronunciamento se retourna contre Primo de Rivera.

Pour lutter contre l’opposition qu’il sentait plus forte chaque jour, le dictateur donna dans une des plus lourdes erreurs politiques modernes : l’étatisme et la centralisation. C’était se vouer au suicide.

Primo de Rivera, qui avait cru supprimer le séparatisme en interdisant les libertés provin-