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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/74

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Mais il faut trouver l’ironie suprême de cette aventure qui n’en manqua pas dans le fait que les principales difficultés que le Protecteur rencontra vinrent du Parlement.

Cromwell n’avait fait la guerre civile que pour obliger Charles Ier à gouverner avec le Parlement, et voilà que lui-même reconnaissait qu’il était impossible d’arriver à rien s’il s’inclinait devant cette institution. Avec sa résolution coutumière et sans s’embarrasser du précédent encore présent à toutes les mémoires, appuyé sur ses troupes et surtout sur sa réputation militaire, il pénétra à Westminster le 20 avril 1653 et, d’une voix tranchante : « Allons, allons, dit-il aux députés ébahis, nous en avons assez. Je vais mettre fin à votre bavardage… Il ne convient ni à l’intérêt de ces nations, ni au bien public, que vous siégiez ici plus longtemps. Je vous déclare donc que je dissous ce Parlement. »

Les députés se séparèrent sans esquisser la moindre résistance et Cromwell, par dérision, fit mettre sur la porte de la salle des séances l’écriteau fameux : Chambre non meublée à louer. Bientôt, cependant, il se retrouva seul, tellement seul au milieu d’un pays divisé, dont il renonça bientôt à apaiser les disputes, qu’en désespoir de cause il se décida à convoquer de nouveau le Parlement.