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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/121

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on ne sait au juste mais il était bien imprudent s’il parlait avec ironie au moment où sa raison était en question. Fort ennuyés, assez inquiets, se sentant en outre vaguement ridicules, les commissaires attendaient l’issue de cette aventure. Cependant Louis II, qui était d’abord entré dans une colère facile à concevoir, s’était calmé assez vite et avait renoncé à garder ses prisonniers sous les verrous. Ils furent remis en liberté après deux heures de captivité. Le bailli du lieu s’était employé à calmer les paysans. Néanmoins, pour plus de sûreté, on fit sortir par une porte basse les commissaires, qui, plus morts que vifs, regagnèrent Munich par les voies les plus rapides. Le soir même, devant le prince-régent et leurs collègues du Gouvernement, ils rendaient compte du piteux échec de leur ambassade.

On risquait de se trouver, du jour au lendemain, en présence d’une situation, sinon grave, du moins embarrassante. Louis II, ayant gagné quelques jours de répit, pouvait, ou bien se réfugier à l’étranger, ou bien prendre des mesures capables de créer de sérieux ennuis au régent.

En effet, le roi, désormais assisté de Dürckheim-Montmartin, se préparait à défendre son trône et sa liberté. À Guillaume Ier, il adressait une plainte contre son oncle. Il faisait porter, au delà de la frontière, une dépêche à l’empereur d’Autriche : celle-là, du moins, ne serait pas interceptée. Une contre-proclamation fut rédigée en réponse à celle du prince Luitpold, déclaré rebelle et accusé de haute trahison.

Dürckheim-Montmartin alla plus loin encore. De par le roi, il transmit au major commandant les chasseurs de Kempten l’ordre de se rendre à Neuschwanstein avec son bataillon. C’était un bon commencement de guerre civile. Mais déjà toutes les communications télégraphiques venant de Neuschwanstein étaient interceptées par le gouvernement. Privé