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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/112

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deuil et que la cour de Vienne ne revendiquera même pas en 1815. La Belgique, c’était une affaire entre la France et les Anglais. Quant à la rive gauche du Rhin, elle n’était promise que secrètement à la République et subordonnée à l’acquiescement des États qui composaient le corps germanique, ce qui entraînerait la convocation du Congrès de Rastadt.

Au total, — et ceci est d’une grande importance pour la suite des événements, — Campo-Formio, paix relativement modérée, ne réglait ni les frontières naturelles ni le statut de l’Europe. L’Angleterre n’y avait aucune part. Cette paix serait révocable tant que l’Angleterre n’y aurait pas souscrit et elle n’y souscrirait que forcée dans son île. Jusque-là, les guerres s’engendreraient sans cesse. L’Autriche le savait et ne cherchait qu’à gagner du temps et à ménager ses forces. Pour elle, c’était un moment à passer. Sans doute fut-il plus long qu’elle ne croyait. Dix-sept ans. Au regard de l’histoire, c’est peu.

Car nous sommes encore tout près des circonstances qui, de rien, ont déjà fait de Bonaparte un homme important et célèbre, mais nous ne sommes qu’à dix-sept ans de sa chute et le pouvoir n’est même pas entre ses mains.

De le prendre, ce n’est pas l’envie qui lui manque. Mais comment s’en emparer ? Marcher sur Paris avec ses troupes ? Idée d’enfant, bonne à se casser les reins. Pour qu’il soit « le maître », il faudra des événements qui ne se sont pas encore produits, des circonstances qui sont à naître. En apparence, au moins, le coup de fructidor et le traité de Campo-Formio ont consolidé la République à qui la force, en lui revenant, rend de la clairvoyance. Elle se méfie du « général pacificateur » que Paris acclame un peu trop, bien qu’en revanche les vrais patriotes l’accusent d’avoir conclu une paix incomplète. Alors, neuf jours après