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À LA MERCI D’UN COUP DE PISTOLET

religion et dire que le catholicisme était celle des Français. Après Marengo, il a assisté à un Te Deum dans la cathédrale de Milan, où, peut‑être, la couronne de Charlemagne lui est apparue, si l’on ne force pas le sens d’un passage du bulletin de victoire. Non seulement l’homme qui aimait le son des cloches, comme aux campaniles corses de son enfance, n’avait pas de répugnance pour le rite, mais il avait hâte d’en finir en France avec les querelles religieuses, d’achever la paix intérieure en légalisant la célébration du culte dans les églises qui déjà s’étaient rouvertes spontanément, de mettre du côté de son pouvoir et d’enlever à la cause des Bourbons la puissance du sentiment catholique, tout en s’assurant le contrôle du clergé français. Il ne restait plus qu’à faire accepter l’idée du Concordat par ces idéologues, héritiers des philosophes, qui s’étaient réjouis de voir enfin « écraser l’infâme », et par les militaires athées, grands contempteurs de la prêtraille, qui affectaient de garder le casque sur la tête lorsqu’ils entraient dans un lieu sacré.

Cependant la guerre avec l’Autriche n’était pas finie. Les négociations de paix avaient échoué. La cour de Vienne hésitait à reconnaître les conquêtes de la République (jamais ni elle, ni personne en Europe ne les reconnaîtrait avec sincérité), et surtout à traiter sans les Anglais. Trop bien « cuisiné » par Talleyrand, le délégué autrichien a été désavoué à Vienne. Il faut reprendre les hostilités et, cette fois, Bonaparte ne quitte plus Paris. En Italie, la conduite des opérations est laissée à Brune. En Allemagne le commandement appartient toujours à Moreau. Ici, la trame des faits rend compte des prochains événements et la simple chronologie elle‑même est explicative.

Le 1er septembre 1800 l’armistice autrichien est rompu. Le 7 septembre, Bonaparte, par sa réponse à Louis XVIII, anéantit les illusions des royalistes