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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/377

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NAPOLÉON

les fameux « cent mille hommes de rente », et ils commencent à n’être plus suffisants. Avec les difficultés qui s’accroissent, l’arc se tend tous les jours, un peu plus tous les jours, jusqu’à casser.

Alors, par des miracles d’activité, de perspicacité, de décision, Napoléon s’ouvre pour la deuxième fois le chemin de Vienne, mais à grands frais, cinq jours de bataille sanglante à Abensberg et à Eckmühl. Quatre ans plus tôt, à Ulm, le même ennemi se rendait, et, vaincu sans combat, livrait sa capitale. Cette fois, les Français perdent Ratisbonne qu’il faut reprendre d’assaut et, devant ces murs, une balle frappe Napoléon au pied, une contusion, non une blessure, comme un avis du destin, un signe que les temps deviennent âpres. Il en coûte plus en 1809 pour vaincre l’Autriche seule qu’en 1805 les Autrichiens et les Russes réunis.

C’est la seconde entrée de Napoléon à Vienne, après un autre combat meurtrier, à Ebersberg. Encore a‑t‑il fallu, pour que Vienne se rendît, lui envoyer quelques coups de canon et mater le petit peuple des faubourgs. Car cette ville de mollesse et de plaisir a maintenant, elle aussi, une sorte d’élan national. Les portes ne s’ouvrent plus toutes seules et ces entrées dans les capitales conquises, ces difficiles recommencements sont sans ivresse. N’est-ce pas la preuve que tout est toujours à refaire, que le but est insaisissable ? L’empereur ne se retrouve, à Schœnbrunn, dans le palais et les meubles des Habsbourg, que pour apprendre de mauvaises nouvelles. Le vice‑roi Eugène s’est fait battre en Italie. Le Tyrol se soulève. En Pologne, Poniatowski a dû reculer devant les Autrichiens et leur abandonner Varsovie, tandis qu’Alexandre regarde et ne bouge pas. Surcroît de tâches, et Dieu sait ce qui se passe là‑bas, dans cette Espagne et ce Portugal ! Sur ces entrefaites, il devient urgent d’envoyer Macdonald au secours d’Eugène pour reprendre les opérations sur l’Adige, tandis que se