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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/387

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NAPOLÉON

était temps de signer la paix. « Si la paix ne se fait pas, nous allons être entourés de mille Vendées », disait Napoléon à Schœnbrunn. Talavera, Walcheren, l’activité des Anglais sur le littoral de l’Empire, leur apparition devant l’île d’Aix, et puis une nouvelle insurrection au Tyrol, la fermentation en Prusse, autant de nouvelles qui ajoutent à la contrariété que lui cause l’énigmatique neutralité de la Russie et qui ne favorisent pas les négociations avec l’Autriche.

Ici encore intervient un de ces revirements brusques dont Napoléon est coutumier. Il se trouve toujours dans ce qu’il appelle des « situations forcées », qu’il sent mieux qu’un autre et qui ne sont que les aspects successifs de l’insoluble problème. Lorsque l’Autriche l’a attaqué, lorsque l’empereur François a violé la parole qu’il avait donnée après Austerlitz de ne plus faire la guerre, Napoléon s’est juré, lui, d’en finir avec l’Autriche, avec les Habsbourg, de les détrôner, de mettre à leur place un autre prince allemand, par exemple le grand-duc de Wurzbourg. Mais l’armée autrichienne a résisté mieux qu’il n’aurait cru. Elle est battue, ses chefs démoralisés parce qu’ils croyaient bien tenir la victoire ; elle n’est pas détruite. Alors si Napoléon parle encore de déposer l’empereur François, de séparer ses trois couronnes, c’est en manière d’intimidation, pour obtenir ce qu’il veut. Et il veut toujours la même chose, il revient toujours à son sujet, la stricte application du blocus continental. Autant que d’affaiblir l’Autriche, de la soustraire à l’alliance de l’Angleterre, il s’agit de fermer définitivement de nouveaux ports, de nouveaux rivages au commerce des Anglais. Là, du moins, il y a une suite rigoureuse dans les idées de Bonaparte parce que là se trouvent aussi, à un problème qui ne change pas depuis Trafalgar, la solution unique, le moyen essentiel. Trieste, Fiume compléteront les « provinces illyriennes » qui, annexées à l’Empire français, for-