Aller au contenu

Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
LE GENDRE DES CÉSARS

venir au lendemain de la conquête par la République. Alors c’est l’occupation militaire en grand, qui exigera encore des troupes et il n’y en a plus à gaspiller. Autre raison (et c’est par ces raisons de fait, qui semblent oiseuses de loin et qui, sur le moment, sont d’un grand poids, que bien souvent Napoléon se décide), il y a des contingents hollandais qui combattent en Espagne. Si la Hollande est occupée comme un État ennemi, elle ne peut plus avoir d’armée. Que faire de ces troupes ? Comment et où renvoyer ces auxiliaires ? Tout bien pesé, la réunion à l’Empire est la solution la moins mauvaise. C’est la moins rigoureuse et la plus honorable pour les Hollandais qui, astreints au respect du blocus, le seront comme les Français eux-mêmes et ne pourront se plaindre d’être traités en peuple subjugué, étant admis dans l’Empire comme des égaux.

Les raisonnements de Napoléon sont toujours sérieux et forts. Quand on regarde les circonstances dans lesquelles il a pris ses décisions, les motifs pour lesquels il s’y est arrêté, on s’aperçoit que, parce que sa « situation forcée » ne lui laissait ni liberté ni choix. Bonnes ou mauvaises, ses raisons importaient peu ; le résultat était le même, visible pour tous. Le grand Empire s’étendait encore. Les annexions se succédaient. Où serait la limite ? Il ne restait plus qu’à annexer, qu’a « manger » tout le continent, à régner sur l’Europe, à faire la monarchie universelle. L’effet produit fut détestable, même en France. Où allait‑on ? Il n’y aurait donc plus un coin de libre ? La Hollande était une maison de banque pour tous les pays. C’était là que se réfugiait l’argent. Signal, contre le conquérant, d’une « nouvelle croisade », celle des capitalistes et des financiers.

La partie mystérieuse de la pensée de Napoléon, la seule peut‑être qu’on n’arrive pas à déchiffrer, est