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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/512

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LES BOTTES DE 1793

négociations dont il voyait clairement le caractère. Il doutait toujours que les Alliés fussent de bonne foi et surtout que l’Angleterre voulût une paix telle qu’il pût l’accepter. Castlereagh était arrivé et conduisait maintenant les affaires. Les conditions de Châtillon n’étaient plus les propositions de Francfort. C’étaient les frontières de 1790, les anciennes limites et quand Berthier, Maret pressaient Napoléon de les accepter, il évoquait le serment du sacre, les républicains du Sénat : « Que pourrai-je leur répondre quand ils viendront me redemander leurs barrières du Rhin ? » On lui avait déjà tant reproché de n’avoir pas signé la paix à temps, il sentait en France une telle hâte, que, plusieurs fois, il fut sur le point de céder, bien qu’il fût certain que tout cela était « un masque ». S’il acceptait les anciennes limites, il était sûr que d’autres exigences seraient présentées. Il aurait à donner des garanties dont la première serait sans doute qu’il renonçât au trône. François II lui-même voulait‑il sincèrement sauver son gendre, sa fille, son petit‑fils ? Caulaincourt, le négociateur, ne l’a pas cru. Il s’est rendu compte que l’Autriche avait toujours subordonné la considération de famille « à d’autres vues qu’elle n’osait pas alors avouer parce qu’elle ne se flattait pas de les voir se réaliser », À Châtillon comme à Francfort, « sa modération dépendit moins de sa conscience et de sa politique que du succès qu’elle n’osait pas croire si facile ». L’élève de Talleyrand s’aperçut en outre que, le jour où Napoléon se serait incliné devant le principe des anciennes limites, il ne serait même pas certain que la France fût admise au règlement général. Les Alliés disposeraient‑ils sans elle de ses anciennes conquêtes, surtout de la Belgique et de la rive gauche du Rhin ? Si Napoléon subissait encore cela, il s’humiliait tant que son gouvernement devenait impossible. S’il ne s’y résignait pas, c’était une prétention qui faisait échouer la paix. Les choses dé-