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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/73

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cés en même temps que leur œuvre. La Convention adopta un régime, le Directoire, disposé de telle façon qu’elle se survécût à elle-même. Et la précaution par laquelle on prétendait fixer l’avenir devait être fatale au régime républicain. Nous sommes à la jointure.

Au lieu d’une seule assemblée, la constitution de l’an III en créa deux, le Conseil des Cinq-Cents qui serait comme la Chambre, tandis que le Conseil des Anciens serait une sorte de Sénat. La loi constitutionnelle disposa en outre que le Corps législatif serait renouvelable tous les ans par tiers, étant entendu que les deux premiers tiers seraient obligatoirement choisis parmi les membres de la Convention. C’était une assurance contre un risque immédiat, celui d’élections à droite. Il ne fallait pas que la réaction dépassât les bornes que les thermidoriens lui assignaient. Le Directoire était destiné à perpétuer un gouvernement de gauche fidèle à l’esprit de la Révolution.

D’autre part, on se résignait, non sans avoir vaincu une vive répugnance, à reconstituer un pouvoir exécutif. Seulement, pour éviter jusqu’à l’apparence d’un retour à la royauté, Ce pouvoir exécutif serait à cinq têtes. Encore les cinq Directeurs seraient-ils élus par les Conseils. Encore seraient-ils renouvelables chaque année et par roulement. Encore seraient-ils choisis d’abord parmi les régicides, et, pour ne pas être inscrit dans la loi constitutionnelle, cet article secret n’était pas le moins important.

Ainsi la porte était fermée aux modérés et aux royalistes. Aucune surprise ne pouvait sortir des premières élections. Mais, dès les suivantes, ces précautions cesseraient d’être efficaces. On ne serait plus sûr de la composition des Conseils qui, eux-mêmes, ne prendraient plus nécessairement les directeurs parmi les « votants », et l’on pouvait pressentir que les vieux conventionnels, en vertu