Aller au contenu

Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les thermidoriens avaient frappé le jacobinisme, condamné à la déportation ou à la mort les représentants du peuple complices des factieux. Les survivants de la Gironde s’étaient vengés de la Montagne. Le « parti patriote » avait été écrasé et son dernier réduit dans la capitale, le « faubourg Antoine », contraint de livrer ses armes sous la menace du canon. Ainsi la Révolution se privait des éléments qui en avaient été le sel. Mais, le jour où elle serait débordée par la réaction à laquelle on ouvrait la voie, comme le jour où il s’agirait d’expulser des Conseils une majorité de droite, la Révolution ne pourrait plus compter sur les sans-culottes. C’est encore à la force organisée qu’elle devrait recourir. De quelque côté qu’elle fût menacée, il lui fallait désormais l’appui des militaires et, par là, elle se livrait à eux.

Ainsi la Convention avait préparé l’appel au soldat dans les affaires intérieures. Et comme si ce n’était pas encore assez, en laissant derrière elle un régime qui donnerait aux baïonnettes l’habitude d’intervenir dans la politique, elle léguait, à l’extérieur, une tâche écrasante à ce gouvernement faible, divisé, voué à des jours orageux.

Le 1er octobre 1795, peu de temps avant de se séparer, la Convention dictait son testament véritable. Elle votait l’annexion de la Belgique qui annonçait l’annexion de la rive gauche du Rhin. Décision d’une gravité suprême, formidable engagement pour l’avenir. Dès que la Révolution avait envahi la Belgique, l’Angleterre était devenue son ennemie. Et l’Angleterre ne ferait pas la paix tant que les Français occuperaient le sol belge, pas plus qu’elle ne la faite tant que les Allemands l’ont occupé.

Rares furent ceux qui entrevirent ces conséquences. À peine quelques conventionnels prirent-ils la parole contre l’annexion qui ne pouvait manquer de « pousser à bout » les puissances ennemies, Harmand de la Meuse, Lesage d’Eure-et-Loir montrèrent