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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/118

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chaste. Il devint si furieux qu’il fallut le lier, et ne pouvant plus tuer les autres, il se fût lue lui-même, si on ne l’eût délivré de son démon et de sa jalousie par l’exorcisme.

Bonzes. Les bonzes chinois font généralement profession de prédire l’avenir et d’exorciser les démons ; ils cherchent aussi la pierre philosophale. Lorsqu’un bonze promet de faire pleuvoir, si dans l’espace de six jours il n’a pas tenu sa promesse, on lui donne la bastonnade.

Il existe des bonzes au Congo. On croit que leurs âmes sont errantes autour des lieux qu’ils ont habités. Quand on voit un tourbillon balayer la plaine et faire lever la poussière et le sable, les naturels s’écrient que c’est l’esprit des bonzes.

Bophomet.Voy. Tête de Bophomet.

Borak, jument ou mule de Mahomet, qu’il a mise dans son paradis. Elle avait une belle tête de femme, et s’allongeait à chaque pas aussi loin que la meilleure vue peut s’étendre.

Borax, sorte de pierre qui se trouve, disent les doctes, dans la tête des crapauds ; on lui attribue divers effets merveilleux, comme celui d’endormir. Il est rare, qu’on la puisse recueillir, et il n’est pas sûr qu’elle soit autre chose qu’un os durci.

Borborites. Voy. Génies.

Bordelon (Laurent), né à Bourges en 1653, mort en 1730 ; écrivain médiocre, qui toutefois savait beaucoup de choses, et s’était occupé de recherches sur les superstitions, les sciences occultes et les erreurs populaires. Il est fâcheux qu’il ait écrit si pesamment. On achète encore ses entretiens sur l’Astrologie judiciaire, qui sont curieux. Le plus connu de ses ouvrages (et il a été réimprimé plusieurs fois) est intitulé « Histoire des imaginations extravagantes de monsieur Oufle, causées par la lecture des livres qui traitent de la magie, du grimoire, des démoniaques, sorciers, loups-garoux, incubes, succubes, et du sabbat ; des fées, ogres, esprits, follets, génies, fantômes et autres revenants ; des songes, de la pierre philosophale, de l’astrologie judiciaire, des horoscopes, talismans, jours heureux et malheureux, éclipses, comètes et almanachs ; enfin de toutes les sortes d’apparitions, de divinations, de sortilèges, d’enchantements et d’autres superstitieuses pratiques. »

On voit par ce titre, que nous avons copié tout entier, que l’auteur avait pris un cadre assez vaste. Dans ses deux volumes in-12, ornés de figures, il s’est trouvé à l’étroit, et son travail, qui se modèle un peu sur le Don Quichotte, n’est recherché que pour les notes, très-nombreuses, lesquelles valent mieux que le texte.

Bordi ou Al-Bordi, montagne qui, selon les Persans, est l’œuf de la terre ; ils disent qu’elle était d’abord très-petite, qu’elle grossit au commencement, produisit le monde, et s’accrut tellement, qu’elle supporte aujourd’hui le soleil sur sa cime. Ils la placent au milieu de notre globe. Ils disent encore qu’au bas de cette montagne fourmillent quantité de dives ou mauvais génies, et qu’au-dessous est un pont où les âmes passent pour aller dans l’autre monde, après qu’elles ont rendu compte de ce qu’elles ont fait dans celui-ci.

Borgia (César). On lui attribue l’honneur d’avoir eu un démon familier.

Borri (Joseph-François), imposteur et alchimiste du dix-septième siècle, né à Milan en 1627. Il débuta par des actions qui l’obligèrent à chercher un refuge dans une église jouissant du droit d’asile. Il parut depuis changer de conduite ; puis il se dit inspiré du ciel, et prétendit que Dieu l’avait choisi pour réformer les hommes et pour rétablir son règne ici-bas. Il ne devait y avoir, disait-il, qu’une seule religion soumise au pape, à qui il fallait des armées, dont lui, Borri, serait le chef, pour exterminer tous les non catholiques. Il montrait une épée miraculeuse que saint Michel lui avait donnée ; il disait avoir vu dans le ciel une palme lumineuse qu’on lui réservait. Il soutenait que la sainte Vierge était de nature divine, conçue par inspiration, égale à son fils et présente comme lui dans l’Eucharistie, que le Saint-Esprit s’était incarné dans elle, que la seconde et la troisième personne de la Trinité sont inférieures au Père ; que la chute de Lucifer entraîna celle d’un grand nombre d’anges qui habitaient les régions de l’air. Il disait que c’est par le ministère de ces anges rebelles que Dieu a créé le monde et