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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/17

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ÆVO
AGR
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Ævoli (César), auteur ou collecteur d’un livre peu remarquable, intitulé Opuscules sur les attributs divins et sur le pouvoir qui a été donné aux démons de connaître les choses secrètes et de tenter les hommes. Opuscula de divinis attributis et de modo et potestate quam dæmones habent intelligendi et passiones animi excitandi, in-4o ; Venise, 1589.

Agaberte. « Aucuns parlent, dit Torquemada, d’une certaine femme nommée Agaberte, fille d’un géant qui s’appelait Vagnoste, demeurant aux pays septentrionaux, laquelle était grande enchanteresse ; et la force de ses enchantements était si variée qu’on ne la voyait presque jamais en sa propre figure. Quelquefois c’était une petite vieille fort ridée, qui semblait ne se pouvoir remuer, ou bien une pauvre femme malade et sans forces ; d’autres fois elle était si haute qu’elle paraissait toucher les nues avec sa tête. Ainsi elle prenait telle forme qu’elle voulait aussi aisément que les auteurs écrivent d’Urgande la Méconnue. Et, d’après ce qu’elle faisait, le monde avait opinion qu’en un instant elle pouvait obscurcir le soleil, la lune et les étoiles, aplanir les monts, renverser les montagnes, arracher les arbres, dessécher les rivières, et faire autres choses pareilles, si aisément qu’elle semblait tenir tous les diables attachés et sujets a ses volontés[1]. »

Agarès, démon, Voy. Aguarès.

Agate, pierre précieuse à laquelle les anciens attribuaient des qualités qu’elle n’a pas, comme de fortifier le cœur, de préserver de la peste et de guérir les morsures du scorpion et de la vipère.

Agathion, démon familier qui ne se montre qu’à midi. Il paraît en forme d’homme ou de bête ; quelquefois il se laisse enfermer dans un talisman, dans une bouteille pu dans un anneau magique[2].

Agathodémon, ou bon démon, adoré des Égyptiens sous la figure d’un serpent à tête humaine. Les Grecs de l’Arcadie donnaient ce nom à Jupiter. Les dragons ou serpents ailés, que les anciens révéraient, s’appelaient agalhodæmones, ou bons génies.

Agla, sigle ou mot cabalistique auquel les rabbins attribuent le pouvoir de chasser l’esprit malin. Ce mot se compose des premières lettres de ces quatre mots hébreux : Athah gabor leolam, Adonaï : « Vous êtes puissant et éternel, Seigneur. » Ce charme n’était pas seulement employé par les Juifs et les cabalistes, quelques chrétiens hérétiques s’en sont armés souvent pour combattre les démons. L’usage en était fréquent au seizième siècle[3], et plusieurs livres magiques en sont pleins, principalement l’Enchridion attribué ridiculement au pape Léon III. Voy. Cabale.

Aglaophotis, sorte d’herbe qui croît dans les marbrières de l’Arabie, et dont les magiciens se servaient pour évoquer les démons. Ils employaient ensuite l’anancitide et la syrrochite, autres ingrédients qui retenaient les démons évoqués aussi longtemps qu’on le voulait. Voy. Baaras.

Agnan, ou Agnian, démon qui tourmente les Américains par des apparitions et des méchancetés. Il se montre surtout au Brésil et chez les

 
Agnan
Agnan
 
Topinamboux. Il paraît sous toutes sortes de formes, de façon que ceux qui veulent le voir peuvent le rencontrer partout.

Agobard, archevêque de Lyon au neuvième siècle. Il a écrit contre les épreuves judiciaires et contre plusieurs superstitions de son époque. On croyait de son temps que les sorciers faisaient les tempêtes, qu’ils étaient maîtres de la grêle et des intempéries. Ainsi, dit le saint évêque, on ôte à Dieu son pouvoir tout-puissant pour le donner à des hommes. Il éclaira donc son diocèse, et il est bon de remarquer ici que c’est toujours l’Église qui a le plus constamment combattu les superstitions. Cependant elle a cru avec raison aux magiciens et aux maléfices, mais jamais à leur omnipotence.

Agraféna-Shiganskaia. L’une des maladies

  1. Examéron, de Torquémada, traduit par Gabriel Chappius, Tourangeau, sixième journée.
  2. Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. III, ch. v.
  3. Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. VIII, ch. vi.