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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/208

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Louviers par ses relations avec Madeleine Bavent. Il eut une mort subite.

David Georges, vitrier de Gand, qui en 1525 se mit à courir les Pays-Bas, en disant qu’il était le Messie envoyé sur la terre pour remplir le ciel, qui avait beaucoup trop de vide. On le signala comme un fou dangereux ; mais il changeait de nom pour se mettre à couvert des poursuites. Il ensorcelait les esprits, dit Delancre, tandis que les autres sorciers ensorcelaient les corps. Au bout de treize ans qu’il séjourna à Bâle, il mourut. Ses disciples furent étonnés de sa mort, car ils le croyaient immortel : cependant il leur avait prédit qu’il ressusciterait trois jours après son trépas. Ce qui n’eut pas lieu[1]; et ses restes furent brûlés en 1559.

David Jones. Les matelots anglais appellent de ce nom le mauvais génie qui préside à tous les esprits malfaisants de la mer. Il est dans tous les ouragans ; on l’a vu quelquefois d’une taille gigantesque, montrant trois rangs de dents aiguës dans sa bouche énorme, ouvrant de grands yeux effrayants et de larges narines, d’où sortaient des flammes bleues.

Deber. Des théologiens hébreux disent que Deber signifie le démon qui offense la nuit ; et Cheteb ou Chereb, celui qui offense en plein midi.

Decarabia. Voy. Carabia.

Décius (Publius). Pendant la guerre des Romains contre les Latins, les consuls Publius Décius et Manlius Torquatus, campés près du Vésuve, eurent tous deux le même songe dans la même nuit : ils virent en dormant un homme d’une figure haute, qui leur dit que l’une des deux armées devait descendre chez les ombres, et que celle-là serait victorieuse dont le général se dévouerait aux puissances de la mort.

Le lendemain les consuls, s’étant raconté leur songe, firent un sacrifice pour s’assurer encore de la volonté des dieux, et les entrailles des victimes confirmèrent ce qu’ils avaient vu. Ils convinrent donc entre eux que le premier qui verrait plier ses bataillons s’immolerait au salut de la patrie.

Quand le combat fut engagé, Décius, qui vit fléchir l’aile qu’il commandait, se dévoua, et avec lui toute l’armée ennemie aux dieux infernaux, et se précipita dans les rangs des Latins, où il reçut la mort en assurant à Rome une victoire éclatante[2].

Si ce double songe des consuls et les présages des victimes publiés dans les deux armées n’étaient qu’un coup de politique, le dévouement de Décius était un acte de patriotisme bien grand, même chez les Romains.

Decremps escamoteur du dernier siècle, qui publia un Traité de la magie blanche.

Dedshail, le diable chez plusieurs tribus arabes.

Dée (Jean), savant fou, né à Londres en 1527. Il s’occupa de cabale, d’alchimie et d’astrologie. La reine Élisabeth le tira de sa misère et l’appela son philosophe. Il a laissé quelques écrits que Casaubon a publiés. Mort en 1607.

Déification. Vespasien, se voyant sur le point de mourir, dit à ses amis, par une assez fine raillerie de l’adulation des Romains, qui déifiaient leurs empereurs après la mort : « Je sens que je deviens dieu. »

Deiphobe, sibylle de Cumes. Voy. Sibylles.

Déisme. Le déisme n’est autre chose que la religion de la nature matérielle, mais en niant tout dans le surnaturel : cette triste et froide doctrine n’explique rien, ne produit rien, ne mène à rien.

Déjections. Le médecin de Haën, dans le dernier chapitre de son Traité de la magie, dit que si l’on voit sortir de quelques parties que ce soit du corps humain, sans lésion considérable, des choses qui naturellement ne peuvent y entrer, comme des couteaux, des morceaux de verre, du fer, de la poix, des touffes de crin, des os, des insectes, de grosses épingles tordues, des charbons, etc., on doit attribuer tout cela au démon et à la magie. Voy. Excréments.

Delancre (Pierre), démonographe renommé, né à Bordeaux dans le seizième siècle. Il fut chargé d’instruire le procès de quantités de vauriens accusés de sortilèges. Dans ces travaux il demeura convaincu de toutes les abominations du sabbat et des sorciers. Il mourut à Paris vers 1630. On a de lui deux ouvrages recherchés sur ces matières.

L’incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, où il est amplement et curieusement traité de la vérité ou illusion du sortilège, de la fascination, de l’attouchement, du scopélisme, de la divination, de la ligature ou liaison magique, des apparitions et d’une infinité d’autres rares et nouveaux sujets, par P. Delancre, conseiller du roi en son conseil d’État. Paris, Nicolas Buon, 1612, in-4o de près de 900 pages, assez rare, dédié au roi Louis XIII, divisé en dix traités.

Dans le premier traité, l’auteur prouve que tout ce qu’on dit des sorciers est véritable. Le second, intitulé de la Fascination, démontre que les sorcières ne fascinent, en ensorcelant, qu’au moyen du diable. Par le troisième traité, consacré à l’attouchement, on voit ce que peuvent faire les sorciers par le toucher, bien plus puissant que le regard. Le traité quatrième, où il s’agit du scopélisme, nous apprend que par cette science secrète on maléficie les gens en jetant simplement des pierres charmées dans leur jardin. Le magnétisme explique aujourd’hui la plupart de ces prodiges. Le traité suivant détaille toutes les divinations. Au sixième traité, on s’instruit de

  1. Voyez l’histoire de David Georges, dans les Légendes infernales.
  2. Tite-Live et Valère-Maxime.