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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/21

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AKH
ALB
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nourrissant de cadavres. C’est une croyance turque.

 
Akbaba
Akbaba
 

Akhmin. Ville de la moyenne Thébaïde, qui avait autrefois le renom d’être la demeure des plus grands magiciens[1]. Paul Lucas parle, dans son second voyage[2], du serpent merveilleux d’Akhmin, que les musulmans honorent comme un ange, et que les chrétiens croient être le démon Asmodée. Voy. Haridi.

Akiba, rabbin du premier siècle de notre ère, précurseur de Bar-Cokébas[3]. De simple berger, poussé par l’espoir d’obtenir la main d’une jeune fille dont il était épris, il devint un savant renommé. Les Juifs disent qu’il fut instruit par les esprits élémentaires, qu’il savait conjurer, et qu’il eut, dans ses jours d’éclat, jusqu’à quatre-vingt mille disciples… On croit qu’il est auteur du Jetzirah ou livré de la création, attribué aussi par les uns à Abraham, et par d’autres à Adam même.

Akouan, démon géant, qui, dans les traditions persanes, lutta longtemps contre Roustam, et fut enfin, malgré sa masse énorme, tué par ce héros. — Roustam est en Perse un personnage que l’on ne peut comparer qu’à Roland, chez nous.

Alain de l’Isle (Insulensis). religieux bernardin, évêque d’Auxerre au douzième siècle, autour vrai ou supposé de l’Explication des prophéties de Merlin (Explanationes in prophetias Merlini Angli ; Francfort, 1608, in-8o). Il composa, dit-on, ce commentaire, en 1170, à l’occasion du grand bruit que faisaient alors lesdites prophéties.

Un autre Alain ou Alanus, qui vivait dans le même siècle, a laissé pour les alchimistes un livre intitulé Dicta de lapide philosophico, in-8o ; Leyde, 1600.

Alaric, roi des Goths et premier roi du premier royaume d’Italie (car il y en a eu quatre avant nos jours, et aucun n’a pu durer). Olympiodore nous a conservé un récit populaire de son temps, suivant lequel, lorsque Alaric voulut envahir la Sicile, il fut repoussé par une statue mystérieuse qui lui lançait des flammes par l’un de ses pieds et des jets d’eau par l’autre. Il se retira à Cosenza, où il mourut subitement peu de jours après (an 410).

Alary (François), songe-creux, qui a fait imprimer à Rouen, en 1701, la Prophétie du comte Bombaste, chevalier de la Rose-Croix, neveu de Paracelse, publiée en l’année 1609, sur la naissance de Louis le Grand.

Alastor, démon sévère, exécuteur suprême des sentences du monarque infernal. Il fait les fonctions de Némésis. Zoroastre l’appelle le bourreau ; Origène dit que c’est le même qu’Azazel ;

 
Alastor
Alastor
 
d’autres le confondent avec l’ange exterminateur. Les anciens appelaient les génies malfaisants alastores, et Plutarque dit que Cicéron, par haine contre Auguste, avait eu le projet de se tuer auprès du foyer de ce prince pour devenir son alastor.

Albert le Grand, Albert le Teutonique, Albert de Cologne, Albert de Ratisbonne, Albertus Grotus, car on le désigne sous tous ces noms (le véritable était Albert de Groot), savant et pieux dominicain, mis à tort au nombre des magiciens par les démonographes, fut, dit-on, le plus curieux de tous les hommes. Il naquit dans la Souabe, à Lawigen sur le Danube, en 1205. D’un esprit fort grossier dans son jeune âge, il devint, à la suite d’une vision qu’il eut de la sainte Vierge, qu’il servait tendrement et qui lui ouvrit les yeux de l’esprit, l’un des plus grands docteurs de son siècle. Il fut le maître de saint Thomas d’Aquin. Vieux, il retomba dans la médiocrité, comme pour montrer qu’évidemment son mérite et sa science étendue n’étaient qu’un don miraculeux et temporaire. — D’anciens écrivains ont dit, après avoir remarqué la dureté naturelle de sa conception, que d’âne il avait été transmué en

  1. D’Herbelot, Bibliothèque orientale.
  2. Liv. V, t. II, p. 83.
  3. Voyez la légende de Bar-Cokébas, dans les Légendes de l’Ancien Testament.