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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/23

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manière de nouer et de dénouer l’aiguillette, la composition de divers philtres, l’art de savoir en songe qui on épousera, des secrets pour faire danser, pour multiplier les pigeons, pour gagner au jeu, pour rétablir le vin gâté, pour faire des talismans cabalistiques, découvrir les trésors, se servir de la main de gloire, composer l’eau ardente et le feu grégeois, la jarretière et le bâton du voyageur, l’anneau d’invisibilité, la poudre de sympathie, l’or artificiel, et enfin des remèdes contre les maladies, et des gardes pour les troupeaux. Voy. ces divers articles.

Albert d’Alby, auteur de l’Oracle parfait. Voy. Cartomancie, à la fin.

Albert de Saint-Jacques, moine du dix-septième siècle, qui publia un livre intitulé Lumure aux vivants par l’expérience des morts, ou diverses apparitions des âmes du purgatoire en notre siècle. In-8o, Lyon, 1675.

Albigeois, fusion de manichéens très-perfides, dont l’hérésie éclata dans le Languedoc,

 
Albigeois
Albigeois
 
et eut pour centre Albi. Ils admettaient deux principes, disant que Dieu avait produit de lui-même Lucifer, qui était ainsi son fils aîné ; que Lucifer, fils de Dieu, s’était révolté contre lui ; qu’il avait entraîné dans sa rébellion une partie des anges ; qu’il s’était vu alors chassé du ciel avec ses complices ; qu’il avait, dans son exil, créé ce monde que nous habitons, où il régnait et où tout allait mal. Ils ajoutaient que Dieu, pour rétablir l’ordre, avait produit un second fils, qui était Jésus-Christ.

Ce singulier dogme se présentait avec des variétés, suivant les différentes sectes. Presque toutes niaient la résurrection de la chair, l’enfer et le purgatoire, disant que nos âmes n’étaient que des démons logés dans nos corps en châtiment de leurs crimes. — Les Albigeois avaient pris, dès la fin du douzième siècle, une effrayante consistance. Ils tuaient les prêtres et les moines, brûlaient les croix, détruisaient les églises. De si odieux excès marquaient leur passage, que, les remontrances et les prédications étant vaines, il fallut faire contre eux une croisade, dont Simon de Montfort fut le héros. On a dénaturé et faussé par les plus insignes mensonges l’histoire de cette guerre sainte[1] ; on a oublié que, si les Albigeois eussent triomphé, l’Europe retombait dans la plus affreuse barbarie. Il est vrai que leurs défenseurs sont les protestants, héritiers d’un grand nombre de leurs erreurs, et les philosophes, amateurs assez souvent de leurs désordres.

Albigerius. Les démonographes disent que les possédés, par le moyen du diable, tombent quelquefois dans des extases pendant lesquelles leur âme voyage loin du corps, et fait à son retour des révélations de choses secrètes. C’est ainsi, comme dit Leloyer, que les corybantes devinaient et prophétisaient, phénomènes que le somnambulisme expliquerait peut-être. Saint Augustin parle d’un Carthaginois, nommé Albigerius, qui savait par ce moyen tout ce qui se faisait hors de chez lui. Chose plus étrange, a la suite de ses extases, il révélait souvent ce qu’un autre songeait dans le plus secret de sa pensée.

Saint Augustin cite un autre frénétique qui, dans une grande fièvre, étant possédé du mauvais esprit, sans extase, mais bien éveillé, rapportait fidèlement tout ce qui se faisait loin de lui. Lorsque le prêtre qui le soignait était à six lieues de la maison, le diable, qui parlait par la bouche du malade, disait aux personnes présentes en quel lieu était ce prêtre à l’heure où il parlait et ce qu’il faisait, etc. On prétend que Cagliostro en faisait autant. Ces choses-là sont surprenantes. Mais l’âme immortelle, suivant la remarque d’Aristote, peut quelquefois voyager sans le corps[2].

Albinos. Nom que les Portugais ont donné à des hommes d’une blancheur extrême, qui sont ordinairement enfants de nègres. Les noirs les regardent comme des monstres, et les savants ne savent à quoi attribuer cette blancheur. Les albinos sont pâles comme des spectres ; leurs yeux, faibles et languissants pendant le jour, sont brillants à la clarté de la lune. Les noirs, qui donnent aux démons la peau blanche, regardent les albinos comme des enfants du démon. Ils croient qu’ils peuvent les combattre aisément pendant le jour, mais que la nuit les albinos sont les plus

  1. Voyez, dans les Légendes des Croisades, la croisade contre les Albigeois.
  2. Leloyer, Hist. et disc. des spectres, liv. IV.