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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/238

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ÉCR
EDR
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Pour écrire avec une belle main, il faut avoir du moins une veine d’énergie, d’industrie, de précision et de goût, chaque effet supposant une cause qui lui est analogue. Mais ces gens dont l’écriture est si belle et si élégante, la peindraient peut-être encore mieux, si leur esprit était plus cultivé et plus orné. On distingue dans l’écriture la substance et le corps des lettres, leur forme et leur arrondissement, leur hauteur et leur longueur, leur position, leur liaison, l’intervalle qui les sépare, l’intervalle qui est entre les lignes, la netteté de récriture, sa légèreté ou sa pesanteur. Si tout cela se trouve dans une parfaite harmonie, il n’est nullement difficile de découvrir quelque chose d’assez précis dans le caractère fondamental de l’écrivain.

Une écriture de travers annonce un esprit faux, dissimulé, inégal. Il y a la plupart du temps une analogie admirable entre le langage, la démarche et l’écriture. Des lettres inégales, mal jointes, mal séparées* mal alignées, et jetées en quelque sorte séparément sur le papier, dénotent un naturel flegmatique, lent, peu ami de l’ordre et de la propreté. Une écriture plus liée, plus suivie, plus énergique et plus ferme accuse plus de vie, plus de chaleur, plus de goût. Il y a des écritures qui signalent la lenteur d’un homme lourd et d’un esprit pesant. Une écriture bien formée, bien arrondie, promet de l’ordre, de la précision et du goût. Une écriture extraordinairement soignée annonce plus de précision et de fermeté, mais peut-être moins d’esprit. Une écriture lâche dans quelques-unes de ses parties, serrée dans quelques autres, puis longue, puis étroite, puis soignée, puis négligée, laisse entrevoir un caractère léger, incertain et flottant. Une écriture lancée, des lettres jetées pour ainsi dire d’un seul trait, et qui dénotent la vivacité de l’écrivain, désignent un esprit ardent, du feu et des caprices. Une écriture un peu penchée sur la droite et bien coulante annonce de l’activité et de la pénétration. Une écriture bien liée, coulante et presque perpendiculaire, promet de la finesse et du goût. Une écriture originale et hasardée d’une certaine façon, sans méthode, mais belle et agréable, porte l’empreinte du génie, etc.

Il est inutile d’observer combien, avec quelques remarques judicieuses, ce système est plein de témérités et d’exagérations. Voy. Mimique et Physiognomonie.

Écrouelles. Delancre dit que ceux qui naissent légitimement septièmes mâles, sans mélanges de filles, ont le don inné de guérir les écrouelles en les touchant. Les anciens rois d’Angleterre, suivant certains auteurs, avaient ce pouvoir[1], mais d’une autre source. Quand Jacques II fut reconduit de Rochester à White-Hall, on proposa de lui laisser faire quelque acte de royauté, comme de toucher les écrouelles. Il ne se présenta personne. On attribua aussi aux rois de France le don d’enlever les écrouelles par l’imposition des mains, accompagnée du signe de la croix. Louis XIII en 1639 toucha à Fontainebleau douze cents scrofuleux, et les mémoires du temps attestent que plusieurs furent guéris. On fait remonter cette prérogative jusqu’à Glo vis. Voy. Lancinet, Crachat, Gréatrakes, etc.

Écume. On a remarqué que beaucoup de possédés écument de la bouche comme les chiens enragés. Une jeune fille que l’on amena à saint Vincent Ferrier, rendait par la bouche et par le nez une écume qui prenait successivement plusieurs nuances[2].

Ecureuils. Les chasseurs des monts Ourals ont pour la chasse de l’écureil une superstitieuse idée qu’on ne peut déraciner. Ils ne cherchent dans toute la journée les écureuils qu’au haut des sapins rouges, si le premier tué le matin s’est trouvé sur un arbre de cette espèce ; et ils sont fermement convaincus qu’ils’en chercheraient en vain ailleurs. Si c’est au contraire sur un sapin sylvestris qu’ils ont aperçu leur premier écureuil, ils ne porteront leurs regards que sur cette sorte d’arbres pendant tout le jour de la chasse.

Edda, livre des origines Scandinaves. Il est plein de rudes merveilles.

Edeline ou Adeline (Guillaume), docteur en théologie du quinzième siècle, prieur des Carmes de Saint-Germain en Laye. Il fut exposé et admonesté publiquement à Évreux pour s’être donné au diable, afin de satisfaire ses passions mondaines. Il avoua, sans y être poussé par la torture, qu’il s’était transporté au sabbat à cheval sur un balai[3] ; que de sa bonne volonté il avait fait hommage à l’ennemi, qui était là sous la forme d’un mouton ; qu’il lui avait alors baisé brutalement sous la queue son derrière en signe de révérence et d’hommage[4] Ce sabbat n’était composé que de Vaudois. Le jour du jugement étant arrivé, il fut conduit en place publique, ayant une mitre de papier sur la tête ; l’inquisiteur l’engagea à se repentir et lut la sentence qui le condomnait à la prison, au pain et à l’eau. « Lors ledit maître Guillaume commença à gémir et à condouloir de son méfait, criant merci à Dieu, à l’évêque et à justice[5]. » Quinzième siècle.

Edris, nom que les musulmans donnent à Enoch ou Hénoch, sur lequel ils ont forgé diverses traditions. Dans les guerres continuelles que se faisaient les enfants de Seth et de Caïn, Hénoch, disent-ils, fut le premier qui introduisit

  1. Polydore Virgile.
  2. Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xi, d’après la Demonomania de Georges Seiler.
  3. Edoctus scopam sumere, et inter femora equitis instar ponere, quo volebat brevi momento, etc. Gaguin, liv. X.
  4. 3 Monstrelet, Alain Chartier, à l’année 1453.
  5. Monstrelet, cité par M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 407.