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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/242

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ELF
ELI
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palais du ciel, tandis que les swart elfs, elfs de la nuit, habitent’les entrailles de la terre. Les premiers ne seront pas sujets à la mort ; car les flammes de Surtur ne les consumeront pas, et leur dernière demeure sera Vid-Blain, le plus haut ciel des bienheureux ; mais les swart elfs sont mortels et sujets à toutes les maladies, quels que soient d’ailleurs leurs attributs. — Les Islandais modernes considèrent aussi le peuple elf comme formant une monarchie, ou du moins ils le font gouverner par un vice-roi absolu qui, tous les ans, se rend en Norvège avec une députation de pucks (lutins), pour y renouveler son serment d’hommage-lige au souverain seigneur qui réside dans la mère patrie. Il est évident que les Islandais croient que les elfs sont, comme eux, une colonie transplantée dans l’île[1]. Voy. Danses des esprits.

Elfland, le pays, l’île, le royaume des fées et des Elfes. Les fées et les Elfes, qui sont les fées du Nord, enlèvent quelquefois les enfants et les emportent dans l’Elfland pour le peupler. Quelques hommes faits y ont été transportés aussi, lorsqu’ils s’étaient endormis sur quelque montagne hantée par les fées ou les Elfes. Voy. Erceldoune.

Elf-Roi, le roi des Elfes. Voy. Nain-Laurin.

Élie. Les musulmans et la plupart des Orientaux font de ce grand prophète un puissant magicien[2] : ils l’appellent Khizzer.

Élie de Worms, rabbin juif allemand, qui passait au treizième siècle pour un magicien très-habile.

Éligor, démon, le même qu’Abigor. Voy. Abigor.

Élinas, roi d’Albanie, père de Mélusine. Voy. Mélusine.

Élingsor. Dans le poëme de Percival, c’est un magicien qui descend de la famille de Virgile. Il est né dans la Galabre ; il est initié à la magie par des Juifs. Il bâtit sur une montagne un palais enchanté où l’on voit un lit qui fuit devant celui qui veut y monter et qui lui lance des flèches s’il y parvient. C’est un vieux conte populaire qui remonte au temps où les Sarasins occupaient la Sicile et une partie du pays de Naples.

Élixir de vie. L’élixir de vie n’est autre chose, selon le Trévisan, que la réduction de la pierre philosophale en eau mercurielle ; on l’appelle aussi or potable. Il guérit toutes sortes de maladies et prolonge la vie bien au delà des bornes ordinaires. L’élixir parfait au rouge


change le cuivre, le plomb, le fer et tous les métaux en or plus pur que celui des mines. L’élixir parfait au blanc, qu’on appelle encore huile de talc, change tous les métaux en argent très-fin.

Voici la recette d’un autre élixir de vie. Pour faire cet élixir, prenez huit livres de suc mercuriel ; deux livres de suc de bourrache, tiges et feuilles ; douze livres de miel de Narbonne ou autre, le meilleur du pays ; mettez le tout à bouillir ensemble un bouillon pour l’écumer ; passez-le par la chausse à hypocras et clarifiez-le. Mettez à part infuser, pendant vingt-quatre heures, quatre onces de racine de gentiane coupée par tranches dans trois chopines de vin blanc, sur des cendres chaudes, agitant de temps en temps ; vous passerez ce vin dans un linge sans l’exprimer ; mettez cette colature dans lesdits sucs avec le miel, faisant bouillir doucement le tout et cuire en consistance de sirop ; vous le ferez rafraîchir dans une terrine vernissée, ensuite le déposerez dans des bouteilles que vous conserverez en un lieu tempéré, pour vous en servir, en en prenant tous les matins une cuillerée. Ce sirop prolonge la vie, rétablit la santé contre toutes sortes de maladies, même la goutte, dissipe la chaleur des entrailles ; et

  1. Traditions populaires, dans la Quarterly Review.
  2. Voyez sa légende dans les Légendes de l’Ancien Testament.