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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/262

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EVA
EXG
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mort, selon quelques démonomanes. Il a de grandes et longues dents, un corps effroyable tout rempli de plaies, et pour vêtement une peau


de renard. Les païens le connaissaient. Pausanias dit qu’il se repaît de charognes et de corps morts. Il avait dans le temple de Delphes une statue qui le représentait avec un teint noir, montrant ses grandes dents comme un loup affamé et assis sur une peau de vautour.

Évangile de saint Jean. On croit dans les campagnes que celui qui porte sur soi l’Évangile de saint Jean, In principio erat Verbum, écrit sur du parchemin vierge, et renfermé dans un tuyau de plume d’oie, le premier dimanche de l’année, une heure avant le lever du soleil, sera invulnérable et se garantira de quantité de maux[1]. Voy. Cléidomangie.

Ève. Les musulmans et les talmudistes lui donnent, comme à notre premier père, une taille d’une lieue[2]. Voy. Adam et une singulière facétie au mot Paniers.

Évêque marin. On lit dans la Grande Chronique des Pays-Bas, sous l’année 1433, qu’on pécha cette année-là dans la mer du Nord un poisson qui avait la forme d’un homme mal dégrossi, une mitre en tête formée d’écaillés, et les nageoires disposées de manière à présenter la ressemblance des autres ornements d’un évêque qui officie. On ajoute qu’il se pouvait dresser sur ses pieds, qu’il se laissait toucher sans témoigner d’effroi ; mais qu’il manifestait un extrême désir de retourner à la mer. Aldovrandus, dans son livre des poissons, décrit un être tout semblable à celui que la Grande Chronique des Pays-Bas appelle l’évêque marin. Est-ce un conte ? est-ce un phénomène ?

Évocations. Celui qui veut évoquer le diable lui doit le sacrifice d’un chien, d’un chat ou d’une poule, à condition que ces trois animaux soient sa propriété. Il jure ensuite fidélité et obéissance éternelles et reçoit une marque au moyen de laquelle il jouit d’une puissance absolue sur trois esprits infernaux, l’un de la terre, l’autre de la mer, le troisième de l’air[3]. On se flatte de faire venir le diable en lisant certaines formules du Grimoire. Voy. Conjurations. — Deux chevaliers de Malte avaient un esclave qui se vantait de posséder le secret d’évoquer les démons et de les obliger à découvrir les choses cachées. On le conduisit dans un vieux château où l’on soupçonnait des trésors enfouis. L’esclave descendit dans un souterrain, fit ses évocations : un rocher s’ouvrit, et il en sortit un coffre. Il tenta plusieurs fois de s’en emparer ; mais il n’en put venir à bout, parce que le coffre rentrait dans le rocher dès qu’il s’en approchait. Il vint dire aux chevaliers ce qui lui arrivait et demanda un peu de vin pour reprendre des forces. On lui en donna. Quelque temps après, comme il ne revenait point, on alla voir ce qu’il faisait ; on le trouva étendu mort, ayant sur toute sa chair des coups de canif représentant des croix. Les chevaliers portèrent son corps au bord de la mer et l’y précipitèrent avec une pierre au cou[4]. — Sur l’évocation des âmes, voy. Nécromancie, Tables tournantes, etc.

Exael, le dixième des premiers anges. Il apprit aux hommes, selon le livre d’Enoch, l’art de fabriquer les armes et les machines de guerre, les ouvrages d’or et d’argent qui plaisent aux femmes ; il leur enseigna l’usage des pierres précieuses et du fard.

Exagération. Il y en a beaucoup dans la plupart des juges laïques qui ont écrit sur les sorciers et qui ont vu trop généralement des crimes où il n’y avait souvent que démence ou maladie. Cependant le mal diabolique, malum dœmoniacum, était si répandu à certaines époques qu’il est permis de leur trouver là des excuses. Les juges ecclésiastiques ont pourtant toujours été beaucoup plus indulgents. Voy., à la fin de l’article Sorciers, les prescriptions de la cour romaine, et comparez-les au code des sorciers de Boguet.

Excommunication. Il y a eu quelquefois des abus de la part des hommes dans l’usage des excommunications ; et on est parti de là pour crier contre ces excommunications, qui ont rendu cependant de si grands services à la société dans des siècles barbares. Mais on ne trouverait pas facilement dans toute l’histoire un excommunié frappé régulièrement par le saint-siége qui ait prospéré jusqu’au bout[5]. On lit dans les

  1. Thiers, Traité des superstitions, t. I.
  2. Voyez la légende d’Eve et d’Adam, dans les Légendes de l’Ancien Testament.
  3. Danœus Fortianis.
  4. D. Calmet et Guyot-Delamarre.
  5. Voyez, dans les Légendes des commandements de Dieu, la Légende du chanoine de Liège, et dans les Légendes des commandements de l’Église, le paragraphe intitulé Ne touchez pas au Pape.