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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/267

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Paris, persuadé que la religion d’Homère était la bonne, arracha la sainte hostie des mains d’un prêtre qui la consacrait et la foula aux pieds. Voilà du fanatisme. Les Juifs en ont fourni de nombreux exemples, et un très-grand fanatisme

Falconet.


distingue beaucoup de philosophes modernes. « Il y a un fanatisme politique, un fanatisme littéraire, un fanatisme guerrier, un fanatisme philosophique[1]. » On a nommé d’abord fanatiques les prétendus devins qui rendaient leurs oracles dans les temples, fana. Aujourd’hui on entend par fanatisme tout zèle aveugle.

Fannius (Gaius), historien qui mourut de peur en composant un ouvrage contre Néron. Il en avait terminé trois livres, et il commençait le quatrième, lorsque Néron, dont il avait l’imagination remplie, lui apparut en songe, et, après avoir parcouru les trois premiers livres de son ouvrage, se retira sans toucher au quatrième qui était en train. Ce rêve frappa Fannius ; il crut y voir que son ouvrage ne serait pas achevé, et il mourut en effet peu après.

Fantasmagoriana, titre d’un recueil de contes populaires, où les apparitions et les spectres jouent les premiers rôles. Ces contes prolixes sont, pour la plupart, traduits de l’allemand, 2 vol. in-12 ; Paris, 1812.

Fantasmagorie, spectacle d’optique, du genre des lanternes magiques perfectionnées, et qui, aux yeux des ignorants, peut paraître de la sorcellerie.

Fantômes, esprits ou revenants de mauvais augure, qui effrayaient fort nos pères, quoiqu’ils sussent bien qu’on n’a aucunement peur des fantômes, si l’on tient dans sa main de l’ortie avec du millefeuille[2]. Les Juifs prétendent que le fantôme qui apparaît ne peut reconnaître la personne qu’il doit effrayer, si elle a un voile sur le visage ; mais quand cette personne est coupable, ils croient, au rapport de Buxtorf, que le masquetombe, afin que l’ombre puisse la voir et la poursuivre. Des fantômes sont venus quelquefois annoncer la mort ; un spectre se présenta pour cela aux noces du roi d’Écosse, Alexandre III, qui


mourut peu après. Camerarius rapporte que de son temps on voyait quelquefois dans les églises


des fantômes sans tête, vêtus en moines et en religieuses, assis dans les stalles des vrais moines et des sœurs qui devaient bientôt mourir. — Un chevalier espagnol avait osé concevoir une passion criminelle pour une religieuse. Une nuit qu’il traversait l’église du couvent dont il s’était procuré la clef, il vit des cierges allumés et des prêtres, qui lui étaient inconnus, occupés à célébrer l’office des morts autour d’un tombeau. Il s’approcha de l’un d’eux et demanda pour qui on faisait le service. « Pour vous, » lui dit le prêtre. Tous les autres lui firent la même réponse ; il sortit effrayé, monta à cheval, s’en retourna à sa maison, et deux chiens l’étranglèrent à sa porte[3].

Une dame voyageant dans une chaise de poste fut surprise par la nuit près d’un village où l’essieu de sa voiture s’était brisé. On était en automne, l’air était froid et pluvieux ; il n’y avait point d’auberge dans le village ; on lui indiqua le château. Comme elle en connaissait le maître, elle n’hésita pas à s’y rendre. Le concierge alla la recevoir, et lui dit qu’il y avait au château dans ce moment beaucoup de monde qui était venu célébrer une noce, et qu’il allait informer le seigneur de son arrivée. La fatigue, le désordre de

  1. Bergier, Dictionnaire théologique.
  2. Les admirables secrets d’Albert le Grand.
  3. Torquemada, Hexaméron.