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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/272

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FEC
FÉE
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reçut pour serviteur assidu le démon Méphistophélès, et dès lors il fit tout ce qu’il voulut. De graves historiens rapportent les fascinations étonnantes qu’il produisit à la cour de l’empereur Maximilien et à la cour de Charles-Quint. Il prétendait que les armées impériales lui devaient toutes leurs victoires, Mélanchthon, qui le connaissait personnellement, le peint comme la bête la plus immonde, le cloaque des hôtes de l’enfer, chassé de partout par les magistrats. Il raconte qu’ayant tenté de voler, comme Simon le magicien, il fut à demi écrasé en tombant. Au terme de son pacte, il fut étranglé par le démon, auprès de Rimlich, et l’écrivain que nous citons parle de cette fin horrible comme d’un fait notoire.

Dans l’étude publiée par M. François Hugo sur le Faust anglais (Revue française du 10 mai 1858), Faust est l’imprimeur. Le Parlement de Paris le tient emprisonné, mais il s’évade et gagne Mayence. Il évoque le diable, qui paraît sous diverses formes, de dragon, de griffon, d’étoile, de poutre de feu, enfin de moine gris. Il s’accorde avec lui et va le visiter en enfer. Sa visite lui est rendue assez vite, et sept princes de l’enfer arrivent chez lui : Belzébub, habillé en bœuf ; Lucifer en homme couleur des glands du chêne rouge ; Astaroth en serpent, avec deux petits pieds jaunes ; Satan en âne, avec une queue de chat ; Anabry en chien noir et blanc, avec des oreilles de quatre aunes ; Dythican en perdrix ; Drac en flamme bleue, avec une queue rouge ; Bélial en éléphant, riche d’une trompe démesurée.

On a recueilli, sous le nom de triple ban de l’enfer de Faust, une sorte de rituel infernal qui donne des formules de la dernière stupidité pour évoquer toute espèce de démons. On y voit qu’il faut écrire des sommations à comparaître sur du papier noir avec du sang de corbeau. Voy. {{DIv|Pactes. — Wagner, disciple de Faust, Videman et plusieurs autres, ont écrit l’histoire de Faust. Goethe en a fait un poëme singulier[1].

Fechner (Jean), auteur d’un traité latin sur la pneumatique, ou doctrine des esprits selon les plus célèbres philosophes de son temps. Breslau, in-12, 1698.

Fécondité. De graves écrivains affirment que le vent produit des poulains et des perdrix. Varron dit qu’en certaines saisons le vent rend fécondes les juments et les poules de Lusitanie. Virgile, Pline, Columelle, ont adopté ce conte, et le mettent au nombre des faits constamment vrais, quoiqu’on n’en puisse dire la raison. On a soutenu autrefois beaucoup d’impertinences de ce genre, qui aujourd’hui sont reconnues des erreurs. On a publié un arrêt donné en 1537 par le parlement de Grenoble, qui aurait reconnu la fécondité d’une femme produite par la seule puissance de l’imagination. Cet arrêt supposé n’est qu’une assez mauvaise plaisanterie.

Fécor, compagnon d’Anarazel. Voy. ce mot.

Fées. Si les histoires des génies sont anciennes dans l’Orient, la Bretagne a peut-être le droit de réclamer les fées et les ogres. Nos fées ou fades (fatidicœ) sont assurément les druidesses de nos pères. Chez les Bretons, de temps immémorial, et dans tout le reste des Gaules, pendant la première race des rois francs, on croyait généralement que les druidesses pénétraient les secrets de la nature, et disparaissaient du monde visible. Elles ressemblaient en puissance aux magiciennes des Orientaux. On en a fait des fées. On disait qu’elles habitaient au fond des puits, au bord des torrents, dans des cavernes sombres. Elles avaient le pouvoir de donner aux hommes des formes d’animaux, et faisaient quelquefois dans les forêts les mêmes fonctions que les nymphes du paganisme. Elles avaient une reine qui les convoquait tous les ans en assemblée générale, pour punir celles qui avaient abusé de leur puissance et récompenser celles qui avaient fait du bien.

Dans certaines contrées de l’Écosse, on dit que les fées sont chargées de conduire au ciel les âmes des enfants nouveau-nés, et qu’elles aident ceux qui les invoquent à rompre les maléfices de Satan. On voit dans tous les contes et dans les vieux romans de chevalerie, où les fées jouent un très-grand rôle, que, quoique immortelles, elles étaient assujetties à une loi qui les forçait à prendre tous les ans, pendant quelques jours, la forme d’un animal, et les exposait, sous cette métamorphose, à tous les hasards, même à la mort, qu’elles ne pouvaient recevoir que violente. On les distinguait en bonnes et méchantes fées ; on était persuadé que leur amitié ou leur haine décidait du bonheur ou du malheur des familles. À la naissance de leurs enfants, les Bretons avaient grand soin de dresser dans une chambre écartée une table abondamment servie, avec trois couverts, afin d’engager les mères ou fées à leur être favorables, à les honorer de leur visite, et à douer le nouveau-né de quelques qualités heureuses. Ils avaient pour ces êtres mystérieux le même respect que les premiers Romains pour les carmentes, déesses tutélaires des enfants, qui présidaient à leur naissance, chantaient leur horoscope et recevaient des parents un culte.

On trouve des fées chez tous les anciens peuples du Nord, et c’était une opinion partout adoptée que la grêle et les tempêtes ne gâtaient pas les fruits dans les lieux qu’elles habitaient. Elles venaient le soir, au clair de la lune, danser dans les prairies écartées ; elles se transportaient aussi vite que la pensée partout où elles souhaitaient, à cheval sur un griffon, ou sur un chat

  1. Voyez la légende de Faust et de Méphistophélès, dans les Légendes infernales.