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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/295

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de chèvres et de boucs ; une cloison fort mince et ouverte par plusieurs trous les séparait de son appartement. Notre homme, très-fatigué, s’était couché sans examiner son gîte et dormait depuis deux heures d’un sommeil tranquille, lors qu’il fut troublé par la visite d’un bouc, son voisin, qui avait profité d’une grande ouverture pour le venir voir. Le bruit de ses sabots éveilla aisément notre voyageur, qui fut fort inquiet et prit l’animal pour un voleur de nuit ; le bouc, après plusieurs tours de chambre, vint au lit et mit les deux pieds dessus. Le pauvre homme, en ce moment, balançant entre le choix d’une prompte retraite ou d’une attaque vigoureuse, prit le parti de se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui les premiers se présentent à lui, l’intriguent ; mais il est bien plus surpris, lorsque mettant sa main sur la face pointue de cet animal, il y trouve une grande barbe, et plus haut des cornes. Persuadé alors que ce ne pouvait être que le diable, il sauta de son lit tout troublé, et passa le reste de la nuit à genoux, en prières et dans une continuelle frayeur. Le jour, qui dissipa enfin les ténèbres, fit voir à cet homme son prétendu diable.

Frédéric Barberousse. On croit en Allemagne qu’il n’est pas mort, mais endormi dans un souterrain du vieux château de Kiffhausen, devant une table de marbre, que sa barbe, qui pousse toujours, a déjà enveloppée de trois tours. Il apparaît quelquefois sur sa montagne, et il est l’objet de beaucoup de légendes[1].

Frêne. Get arbre passe, dans le Nord, pour avoir une vertu qui éloigne les esprits malfaisants.

Fribourg. M. Lucien Brun, dans un piquant récit, a conté comment un jour le vieux Conrad de Blumenthal, alors bourgmestre de Fribourg en Brisgaw, ayant dit à propos des privilèges de sa ville que l’on entamait, cette imprudente parole : — Je veux que Satan nous emporte et avec nous la moitié de notre bonne cité, si dès hier je n’y ai mis quelque ordre ! — C’était une bravade. Deux démons, qui l’entendaient sans être vus, enlevèrent aussitôt la moitié de Fribourg en Brisgaw et s’en allèrent la poser sur le flanc d’une montagne de la vieille Helvétie. — Telle est l’origine de Fribourg en Suisse[2].

Frisson des cheveux. On disait autrefois, dans certaines provinces, que le frisson des cheveux annonçait la présence ou le passage d’un démon.

Front. Divination par les rides du front. C’est la métoposcopie.

Cardan publia au seizième siècle un traité de Métoposcopie, dans lequel jl fait connaître au public une foule de découvertes curieuses. Le front, dit-il, est de toutes les parties du visage la plus importante et la plus caractéristique ; un physionomiste habile peut, sur l’inspection du front seul, deviner les moindres nuances du caractère d’un homme. En général, un front très-élevé, avec un visage long et un menton qui se termine en pointe, est l’indice de la nullité des moyens. Un front très-osseux annonce un naturel opiniâtre et querelleur. Si ce front est aussi très-


charnu, il est le signe de la grossièreté. Un front carré, large, avec un œil franc sans effronterie, indique du courage uni à la sagesse. Un front arrondi et saillant par le haut, qui descend ensuite perpendiculairement sur l’œil, et qui paraît plus large qu’élevé, annonce du jugement, de la mémoire, de la vivacité, mais un cœur froid. Des rides obliques au. front, surtout si elles se trouvent parallèles, annoncent un esprit soupçonneux. Si ces rides parallèles sont presque droites, régulières, pas très-profondes, elles promettent du jugement, de la sagesse, un esprit net. Un. front qui serait bien ridé dans sa moitié supérieure, et sans rides dans sa moitié inférieure, serait l’indice de quelque stupidité. Les rides ne se prononcent qu’avec les années. Mais avant de paraître, elles existent dans la conformation du front ; le travail quelquefois les marque dans l’âge tendre. Il y a au front sept rides ou lignes principales qui le traversent d’une tempe à l’autre. La planète de Saturne préside à la première, c’est-à-dire la plus haute ; Jupiter préside à la seconde ; Mars préside à la troisième ; le Soleil à la quatrième ; Vénus à la cinquième ; Mercure à la sixième ; la Lune à la septième, qui est la dernière, la plus basse et la plus voisine des sourcils. Si ces lignes sont petites, tortueuses, faibles,

  1. Voyez-en quelques-unes dans les Légendes de l’autre monde.
  2. Voyez les Légendes des esprits et démons.