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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/311

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GHO
GIR
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nées et des jugements sur chaque figure, lesquels jugements sont renfermés en un sonnet rehaussé d’un distique ; in-4o, 1630.

Gholes. La croyance aux vampires, aux gholes, aux lamies, qui sont à peu près le même genre de spectres, est répandue de temps immémorial chez les Arabes, chez les Perses, dans la Grèce moderne et dans tout l’Orient. Les Mille et une Nuits et plusieurs autres contes arabes roulent sur cette matière, et maintenant encore cette terrible superstition porte l’épouvante dans plusieurs contrées de la Grèce moderne et de l’Arabie. Les gholes sont du sexe féminin. On en cite des histoires qui remontent jusqu’au dixième siècle et même jusqu’au règne d’Haroun al Raschid. Elles mangent la chair humaine et boivent le sang, comme les loups-garous plutôt que comme les vampires, car elles n’ont pas toujours besoin d’être mortes pour se livrer à leurs festins funèbres. Quand la chair vivante leur manque, elles vont dans les cimetières déterrer les cadavres frais. Ces traditions doivent être fondées sur des faits sinistres.

On voit aussi dans les contes orientaux une espèce de vampire qui ne peut conserver son odieuse vie qu’en avalant de temps en temps le cœur d’un jeune homme : ces contes prouvent que les horribles idées du vampirisme sont anciennes en Arabie.

Ghoolée-Beenban, vampire, ou lamie ou ghole. Les Afghans croient que chaque solitude, chaque désert de leur pays est habité par un démon, qu’ils appellent le Ghoolée-Beenban ou le spectre de la solitude. Ils désignent souvent la férocité d’une tribu en disant qu’elle est sauvage comme le démon du désert.

Giall, fleuve des enfers Scandinaves ; on le passe sur un pont appelé Giallar.

Gian-ben-Gian. Voy. Génies.

Gibel, c’est l’Etna, montagne volcanique au sommet de laquelle se trouve un cratère d’où l’on entend lorsqu’on prête l’oreille des gémissements et un bouillonnement effroyable. Les Grecs jetaient dans ce soupirail des vases d’or et d’argent, et regardaient comme un bon présage que la flamme ne les repoussât pas ; ils pensaient apaiser par là les dieux de l’enfer, dont ils croyaient que cette ouverture était une des entrées[1].

Gilbert, démon dont parle Olaùs Magnus. Il se montrait chez les Ostrogoths et il avait enchaîné dans une caverne le savant Catillus, nécromancien suédois qui l’avait insulté[2].

Gilles de Chin, chevalier célèbre par sa force et son courage, est regardé comme le vainqueur d’un dragon terrible qui désolait les environs de Mons dans le Hainaut. On montre la tête du dragon à l’hôtel de ville de Mons, et on voyait à l’abbaye de Saint-Guislain l’épitaphe de Gilles de Chin ; mais elle a disparu avec la vieille église[3].

Gilles de Vailladoros. Voy. Vailladoros.

Gilo. Voy. Gello.

Gimi ou Gimin, génies que les musulmans croient d’une nature mitoyenne entre l’ange et l’homme. Ce sont nos esprits follets.

Ginguérers, cinquième tribu des géants ou génies malfaisants chez les Orientaux.

Ginnes, génies femelles chez les Persans, qui les disent maudites par Salomon, et formées d’un feu liquide et bouillonnant avant la création de l’homme.

Ginnistan, pays imaginaire où les génies malfaisants font leur résidence, selon les opinions populaires des Persans. Voy. Génies.

Ginnungagap, nom de l’abîme, partie de l’enfer chez les Scandinaves.

Gioerninca-Vedur. Les Islandais appellent de ce nom le pouvoir magique d’exciter des orages et des tempêtes, et de faire périr des barques et des bâtiments en mer. Cette idée superstitieuse appartient autant à la magie moderne qu’à l’ancienne. Les ustensiles que les initiés emploient sont très-simples : par exemple une bajoue de tête de poisson sur laquelle ils peignent ou gravent différents, caractères magiques, entre autres la tête du dieu Thor, de qui ils ont emprunté cette espèce de magie. Le grand art consiste à n’employer qu’un ou deux caractères, et tout leur secret est que les mots Thor hafot ou hafut puissent être lus devant eux ou en leur absence, sans être compris de ceux qui ne sont pas admis à la connaissance de ces mystères.

Giourtasch, pierre mystérieuse que les Turcs orientaux croient avoir reçue de main en main de leurs ancêtres en remontant jusqu’à Japhet, fils de Noé, et qu’ils prétendent avoir la vertu de leur procurer de la pluie quand ils en ont besoin.

Girard (Jean-Baptiste), jésuite né à Dole en 1680. Les ennemis de la société de Jésus n’ont négligé aucun effort pour le présenter comme un homme de scandale. Ils l’ont accusé d’avoir séduit une fille nommée Catherine Cadière, et sur ce thème ils ont bâti tous les plus hideux romans. Cette fille, folle ou malade, sembla possédée dans les idées du temps ou le fut peut-être, et on dut l’enfermer aux Ursulines de Brest. Sur quelques divagations qu’elle débita, un procès fut intenté par le parlement d’Aix. Mais toutes choses examinées et pesées, il fallut se borner à rendre Catherine Cadière à sa famille. On ne put pas même trouver moyen d’impliquer le père Girard dans cette affaire comme coupable, quoiqu’on eût ameuté trois partis violents contre lui, les jansénistes, le parlement et les philosophes.

  1. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, p. 50.
  2. Wierus, Deprœst., p. 466.
  3. Voyez l’histoire de Gilles de Chin, dans les Légendes cles douze convives du chanoine de Tours, nouvelle édition.