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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/375

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Irlande. Parmi beaucoup d’opinions poétiques et bizarres, les Irlandais croient qu’une personne qui doit mourir naturellement ou par accident se montre la nuit à quelqu’un, ou plutôt son image, enveloppée d’un drap mortuaire. Cette apparition a lieu dans les trois jours qui précèdent la mort annoncée.

Irle-Khane. Voy. Khane.

Irmentrude. Une demoiselle provençale nommée Irmentrude, ayant épousé Isambard, comte d’Altorf, accoucha un jour de douze garçons, en l’absence de son mari. Comme elle n’en voulait nourrir qu’un, elle ordonna à sa servante d’aller jeter les onze autres à la rivière. Mais le comte Isambard, ayant rencontré la femme qui les avait dans son tablier, lui demanda ce qu’elle portait là. «Ce sont de petits chiens que je vais aller noyer, » dit-elle. Isambard voulut les voir : découvrant bientôt tout le mystère, il prit les onze enfants, les fit élever en secret et ne les présenta à sa femme que lorsqu’ils furent devenus grands. Ils prirent, en mémoire de cette aventure, le nom de Welf, qui en allemand signifiait chien, et que leurs descendants gardent encore. Voy. Trazégnies.

Is, ville bretonne, gouvernée par le roi Gralon. Toute espèce de luxe et de débauche régnait dans cette opulente cité. Les plus saints personnages y prêchaient en vain les mœurs et la réforme. La princesse Dahut, fille du roi, oubliant la pudeur et la modération naturelles à son sexe, y donnait l’exemple de tout genre de dépravation. L’heure de la vengeance approchait : le calme qui précède les plus horribles tempêtes, les chants, la musique, le vin, toute espèce de spectacle et de débauche enivraient, endormaient les habitants endurcis de la grande ville. Le roi Gralon seul n’était pas insensible à la voix du ciel. Un jour le prophète Guénolé prononça d’une

 
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voix sombre ces mots devant le roi Gralon : « Prince, le désordre est au comble, le bras de l’Éternel se lève, la mer se gonfle, la cité d’Is va disparaître : partons. » Gralon monte aussitôt à cheval et s’éloigne à toute bride ; sa fille Dahut le suit en croupe. La main de l’Éternel s’abaisse ; les plus hautes tours de la ville sont englouties, les flots pressent en grondant le coursier du saint roi, qui ne peut s’en dégager ; une voix terrible se fait entendre : « Prince, si tu veux te sauver, renvoie le diable qui te suit en croupe. » La belle Dahut perdit la vie ; elle se noya près du lieu qu’on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa, l’air devint calme, le ciel serein ; mais depuis ce moment le vaste bassin sur lequel s’étendait une partie de la ville d’Is fut couvert d’eau. C’est maintenant la baie de Douarnenez[1].

Isaacarum, l’un des adjoints de Leviathan, dans la possession de Loudun.

Isabelle ou Isabeau, prophétesse. Voy. Dauphiné.

Isis avait un temple à Isemberg (montagne d’Isis) au canton de Zurich. On croit qu’elle a eu aussi un culte à Paris.

Islandais. « Les Islandais sont si experts dans l’art magique, dit un voyageur du dernier siècle, qu’ils font voir aux étrangers ce qui se passe dans leurs maisons, même leurs pères, mères, parents et amis, vivants ou morts[2]. » Les Islandais prétendent encore avoir la seconde vue et voir les esprits.

Isle en Jourdain (Mainfroy de l’), habile devin qui découvrit par l’astrologie l’horrible conduite de deux chevaliers, Philippe et Gauthier d’Aunoy, lesquels étaient amants, l’un de Marguerite de Navarre, femme de Louis le Hutin, et l’autre de Blanche, femme de Charles le Bel ; on prouva encore qu’ils envoûtaient les maris de ces deux dames. C’étaient les deux frères de Philippe de Valois. Le roi Philippe en fit justice : les deux chevaliers furent écorchés vifs et pendus, et les deux dames périrent en prison.

Isparetta, idole principale des habitants de la côte du Malabar. Antérieurement à toute création, Isparetta se changea en un œuf d’où sortirent le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent. On le représente avec trois yeux et huit mains, une sonnette pendue au cou, une demi-lune et des serpents sur le front.

Israfil ou Asrafil. Voy. Asrafil.

Ithyphalle, nom d’une espèce d’amulette que l’on pèndait au cou des enfants et des vestales ; on lui attribuait de grandes vertus. Pline dit que c’était un préservatif pour les empereurs mêmes, qu’il protégeait contre les effets de l’envie.

Ivo le noir. Au pied de la tour d’Obod, un des plus vieux monuments du Monténégro, dans une sombre et profonde caverne, dort Ivo le noir, le héros, le fondateur ou plutôt l’organisa-

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I.
  2. Nouveau voyage au septentrion, 1708, p. 66.