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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/387

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JOS
JUI
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core, on donne ce nom, en Suède, au lieu où se fait le sabbat des sorciers.

Joseph. On croit dans plusieurs pays que les magiciens et sorciers n’ont aucun pouvoir sur ceux qui ont reçu au baptême le nom de Joseph[1].

Josué Ben-Levi, rabbin si rusé et si sage qu’il trompa le ciel et l’enfer tout ensemble. Comme il était près de trépasser, il gagna si bien le diable qu’il lui fit promettre de le porter jusqu’à l’entrée du paradis, lui disant qu’il ne voulait que voir le lieu de l’habitation divine, et qu’il sortirait du monde plus content. Le diable, ne voulant pas lui refuser cette satisfaction, le porta jusqu’au guichet du paradis ; mais Josué, s’en voyant si près, se jeta dedans avec vitesse, laissant le diable derrière, et jura par le Dieu vivant qu’il n’en sortirait point. Dieu, disent les rabbins, fit conscience que le rabbin se parjurât et consentit à ce qu’il demeurât avec les justes[2].

Jours. Les magiciens et sorciers ne peuvent rien deviner le vendredi ni le dimanche. Quelques-uns disent même que le diable ne fait pas ordinairement ses orgies et ses assemblées ces jours-là ; mais ce sentiment n’est pas général. Si on rogne ses ongles les jours de la semaine qui ont un r, comme le mardi, le mercredi et le vendredi, il viendra des envies aux doigts. Il n’est pas facile d’en donner la raison. Suivant une autre croyance répandue en Hollande, en ne coupant ses ongles que le vendredi, on n’a jamais mal aux dents. On a fait des tables des jours heureux et malheureux pour chaque mois ; mais comme elles varient toutes, le jour heureux de l’une étant malheureux dans l’autre, nous laissons aux amateurs le soin de dresser ces tables à leur gré pour leur usage[3].

Judas Iscariote. Après sa trahison infâme, il fut possédé du diable et se pendit à un sureau. Les Flamands appellent encore les excroissances parasites de l’écorce du sureau sueur de Judas[4].

Jugement de Dieu. Voy. Épreuves, Ordalie, etc.

Jugement dernier. Les musulmans disent que le jour du jugement dernier durera cinquante mille ans. Mais chacun y sera si occupé qu’on ne s’en apercevra pas.

Juif errant. On voit dans la légende du Juif errant que ce personnage était cordonnier de sa profession, et qu’il se nommait Ahasvérus ; mais la complainte l’appelle Isaac Laquedem. À l’âge de dix ans, il avait entendu dire que trois rois cherchaient le nouveau roi d’Israël ; il les suivit et visita avec eux la sainte étable de Bethléem. Il allait souvent entendre Notre-Seigneur. Lorsque Judas eut vendu son maître, Ahasvérus abandonna aussi celui qu’on trahissait.

 
Juif errant
Juif errant
 

Comme on conduisait Jésus au Calvaire chargé de l’instrument de sa mort, le bon Sauveur voulut se reposer un instant devant la boutique du cordonnier, qui, craignant de se compromettre, lui dit : « Allez plus loin, je ne veux pas qu’un criminel se repose à ma porte. » Jésus le regarda et lui répondit : « Je vais et reposerai ; mais vous marcherez et vous ne reposerez pas ; vous marcherez tant que le monde durera, et au jugement dernier vous me verrez assis à la droite de mon Père. » Le cordonnier prit aussitôt un bâton à la main et se mit à marcher sans pouvoir s’arrêter nulle part. Depuis dix-huit siècles il a parcouru toutes les contrées du globe sous le nom de Juif errant. Il a affronté les combats, les naufrages, les incendies. Il a cherché partout la mort et ne l’a pas trouvée. Il a toujours cinq sous dans sa bourse. Personne ne peut se vanter de l’avoir vu ; mais nos grands-pères nous disent que leurs grands-pères l’ont connu, et qu’il a paru, il y a plus de cent ans, dans certaines villes. Les aïeux de nos grands-pères en disaient autant, et les bonnes gens croient à l’existence personnelle du Juif errant.

Ce n’est pourtant qu’une allégorie ingénieuse, qui représente toute la nation juive, errante et dispersée depuis l’anathème tombé sur elle. Leur race ne se perd point, quoique confondue avec les nations diverses, et leurs richesses sont à peu près les mêmes dans tous les temps aussi bien que leurs forces. M. Edgar Quinet a fait sur Ahasvérus un poëme humanitaire ; M. le baron de Reiffenberg une chronique[5].

Juifs. Indépendamment de ce coup de foudre qui marque partout les juifs et les fait partout reconnaître, il y a sur eux plusieurs signes d’abandon. Tant qu’ils ont été le peuple fidèle, ils ont conservé intact le dépôt des saintes Écritures. Depuis leur crime, les enseignements de Moïse et des prophètes se sont étouffés chez eux sous les incroyables absurdités du Talmud ; et le sens

  1. L’alliance de saint Joseph, Bruxelles, 1695. p. 16.
  2. Voyez aussi, dans les Légendes infernales, le maréchal de Tamine.
  3. Voyez sur les jours les Légendes du calendrier.
  4. Voyez les traditions sur Judas dans les Légendes du Nouveau Testament.
  5. Voyez les Légendes du Juif errant et des seize reines de Munster.