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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/39

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ANA
ANA
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Les Juifs cabalistes ont fait des anagrammes la troisième partie de leur cabale : leur but est de trouver dans la transposition des lettres ou des mots des sens cachés ou mystérieux. Voy. Onomancie.

Anamelech, ou Anamalech, démon obscur, porteur de mauvaises nouvelles. Il était adoré à Sepharvaïm, ville des Assyriens. Il s’est montré sous la figure d’une caille. Son nom signifie, à ce qu’on dit, bon roi ; et des doctes assurent que ce démon est la lune, et Adramelech le soleil. Il joue un rôle dans le poëme où Gessner a chanté la mort d’Abel.

Anancitide. Voy. Aglaophotis.

Anania ou Anagni (Jean d’), jurisconsulte du quinzième siècle, à qui on doit quatre livres De la nature des démons[1], et un traité De la magie et des maléfices[2]. Ces ouvrages sont peu connus. Anania mourut en Italie en 1458.

Ananisapta. Les cabalistes disent que ce mot, écrit sur un parchemin vierge, est un talisman très-efficace contre les maladies. Les lettres qui le composent sont, à leur avis, les initiales des mots qui forment la prière suivante : Antidotum Nazareni Auferat Necem Intoxicationis, Sanctificet Alimenta Poculaque Trinitas Alma.

Anansié. C’est le nom de l’araignée gigantesque et toute-puissante à qui les nègres de la Côte-d’Or attribuent la création de l’homme. Voy. Araignée.

Anarazel, l’un des démons chargés de la garde des trésors souterrains, qu’ils transportent d’un lieu à un autre pour les dérober aux recherches des hommes.

 
Anarazel
Anarazel
 
Anarazel, avec ses compagnons Gaziel et Fécor, ébranle les fondements des raisons, excite les tempêtes, sonne les cloches à minuit, fait paraître les spectres et inspire les terreurs nocturnes.

Anathème. Ce mot, tiré du grec, signifie exposé, signalé, dévoué. On donnait chez les païens le nom d’anathèmes aux filets qu’un pêcheur déposait sur l’autel dès nymphes de la mer, au miroir que Laïs consacra à Vénus, aux offrandes de coupes, de vêtements, d’instruments et de figures diverses. On l’appliqua ensuite aux objets odieux que l’on exposait dans un autre sens, comme la tête ou les dépouilles d’un coupable ; et l’on appela anathème la victime vouée aux dieux infernaux. Chez les Juifs l’anathème a été généralement pris ainsi en mauvaise part ; chez les chrétiens c’est la malédiction ou l’être maudit. L’homme frappé d’anathème est retranché de la communion des fidèles.

Il y a beaucoup d’exemples qui prouvent les effets de l’anathème ; et comment expliquer ce fait constant, que peu d’excommuniés ont prospéré ? — Voy. Excommunication.

Les magiciens et les devins emploient une sorte d’anathème pour découvrir les voleurs et les maléfices : voici cette superstition. Nous prévenons ceux que les détails pourraient scandaliser qu’ils sont extraits des grimoires. — On prend de l’eau limpide, on rassemble autant de petites pierres qu’il y a de personnes soupçonnées, on les fait bouillir dans cette eau, on les enterre sous le seuil de la porte par où doit passer le voleur ou la sorcière, en y joignant une lame d’étain sur laquelle sont écrits ces mots : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. On a eu soin de donner à chaque pierre le nom de l’une des personnes qu’on a lieu de soupçonner. — On ôte le tout de dessus le seuil de la porte au lever du soleil ; si la pierre qui représente le coupable est brûlante, c’est déjà un indice. Mais, comme le diable est sournois, il ne faut pas s’en contenter ; on récite donc les sept psaumes de la pénitence avec les litanies des saints ; on prononce ensuite les prières de l’exorcisme contre le voleur ou la sorcière ; on écrit son nom dans un cercle, on plante sur ce nom un clou d’airain de forme triangulaire, qu’il faut enfoncer avec un marteau dont le manche soit de bois de cyprès, et on dit quelques paroles prescrites à cet effet. Alors le voleur se trahit par un grand cri.

S’il s’agit d’une sorcière, et qu’on veuille seulement ôter le maléfice pour le rejeter sur celle qui l’a fait, on prend, le samedi, avant le lever du soleil, une branche de coudrier d’une année, et on dit l’oraison suivante : « Je te coupe, rameau de cette année, au nom de celui que je veux blesser comme je te blesse. » On met la branche sur la table, en répétant trois fois une certaine prière[3] qui se termine par ces mots :

  1. De natura dæmonum, lib. IV, in-12 ; Neapoli, 1562.
  2. De magia et maleficiis, in-4o ; Lugduni, 1669.
  3. On ajoute aux paroles saintes du signe de la croix : Droch, Mirroch, Esenaroth, Bètubaroch, Assmaaroth, qu’on entremêle de signes de croix…