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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/432

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dans la mer, croyant que c’était le diable. Au reste, la raison que donnait Descartes pour établir que les bêtes n’ont point d’âmes, c’est qu’elles sont à jamais incapables de progrès. Ce qui est prouvé depuis le commencement du monde.

Machlyes, peuple fabuleux d’Afrique, que Pline prétend avoir eu les deux sexes et deux mamelles, la droite semblable à celle d’un homme, et la gauche à celle d’une femme.

Mac-Intos. Voy. Cercueil.

Macreuses, oiseaux de la famille des canards, qui sont très-communs sur les côtes d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande. Ils ont été le sujet de bien des contes. Plusieurs auteurs ont assuré que ces oiseaux sont produits sans œufs : les uns les font venir des coquilles qui se trouvent dans la mer ; d’autres ont avancé qu’il y a des arbres semblables à des saules, dont le fruit se change en macreuses, et que les feuilles de ces arbres qui tombent sur la terre produisent des oiseaux, pendant que celles qui tombent dans l’eau deviennent des poissons. Il est surprenant, dit le P. Lebrun, que ces pauvretés aient été si souvent répétées, quoique divers auteurs aient remarqué et assuré que les macreuses étaient engendrées de la même manière que les autres oiseaux. Albert le Grand l’avait déclaré en termes précis ; et depuis, un voyageur a trouvé, au nord de l’Écosse, de grandes troupes de macreuses et les œufs qu’elles devaient couver, dont il mangea.

« Il n’y a pas longtemps qu’un journal de Normandie nous racontait sérieusement, dit M. Salgues[1], qu’on venait de pêcher, sur les côtes de Granville, un mât de vaisseau qui dormait depuis plus de vingt ans sous les eaux ; que l’on fut fort étonné de le trouver enveloppé d’une espèce de poisson fort singulier, que les Normands nomment bernacle ou bernache. Or, ce bernache ou bernacle est un long boyau rempli d’eau jaunâtre, au bout duquel se trouve une coquille qui renferme un oiseau, lequel produit une macreuse. Cette absurde nouvelle se répandit, et les Parisiens, ajoute M. Salgues, furent bien étonnés d’apprendre qu’il y avait des oies qui naissaient au bout d’un boyau, dans une petite coquille. »

Johnston, dans sa Taumatographie naturelle, rapporte que les macreuses se forment dans le bois pourri ; que le bois pourri se change en ver et le ver en oiseau… Hector de Boëce est l’homme dont l’autorité lui paraît la plus imposante. Or, ce savant rapporte qu’en 1490 on pécha sur les côtes d’Écosse une pièce de bois pourri ; qu’on l’ouvrit en la présence du seigneur du lieu, et qu’on y trouva une quantité énorme de vers ; mais ce qui surprit singulièrement l’honorable baronnet et les spectateurs, c’est que plusieurs de ces vers commençaient à prendre la forme d’oiseau, que les uns avaient des plumes, et que les autres étaient encore tout rouges. Ce phénomène parut si étonnant, que l’on déposa la pièce de bois dans l’église voisine, où elle fut conservée. Boëce ajoute à ce conte, et pour le faire tenir debout, qu’il fut lui-même témoin d’un prodige semblable ; que le ministre d’une paroisse voisine des bords de la mer ayant péché une grande quantité d’algues et de roseaux, il aperçut à l’extrémité de leurs racines des coquillages singuliers, qu’il les ouvrit et y trouva au lieu de poissons des oiseaux. L’auteur assure que le pasteur lui fit part de cette merveille, et il répète qu’il fut lui-même témoin de la vérité du fait…

Mac-Rodor, médecin écossais dont voici l’aventure :« En l’année 1514, un nommé TroisRieux s’obligea envers un médecin écossais, nommé Mac-Rodor (tous deux habitants de Bordeaux), de lui servir de démon après sa mort ; c’est-à-dire que son esprit viendrait lui obéir en toutes choses et lui faire connaître ce qui était caché aux hommes. Pour parvenir à ces fins, ils signèrent un pacte en lettres de sang sur un parchemin vierge. — Ce Mac-Rodor était regardé comme sorcier et magicien ; il eut une fin misérable, ainsi que toute sa famille. On surprit chez lui l’obligation que nous venons de mentionner, avec une platine de cuivre ronde, de médiocre grandeur, sur laquelle étaient gravés les sept noms de Dieu, sept anges, sept planètes et plusieurs autres figures, caractères, lignes, points, tous inconnus[2]. »

Maczocha, gouffre célèbre en Pologne par l’aventure d’un condamné qui, jeté là du temps des hussites, en fut tiré par un monstrueux dragon, sur le dos duquel il se glissa. Voy. Obesslik.

Madeleine de la Croix, religieuse de Cordoue, qui mena mauvaise vie au seizième siècle, s « e disant sorcière et se vantant d’avoir pour familier un démon. François de Ïorre-Blanca raconte qu’elle avait à volonté des roses en hiver, de la neige dans le mois d’août, et qu’elle passait à travers les murs, qui s’ouvraient devant elle. Elle fut arrêtée par l’inquisition ; mais ayant tout confessé, elle fut admise à pénitence ; car les inquisiteurs n’ont jamais eu la férocité que leur prêtent certains livres ultra-menteurs.

Magares, sorciers de Mingrélie, fort redoutés des gens du pays, parce qu’ils nouaient l’aiguillette. Aussi la cérémonie du mariage, en ce pays, se faisait toujours en secret, et sans qu’on en sût le jour, de peur que ces prétendus sorciers ne jetassent quelques sortilèges fâcheux sur les époux. Voy. Ligatures.

Mages, sectateurs de Zoroastre, adorateurs du feu et grands magiciens. C’est d’eux, disent les démonomanes, que la magie ou science des mages tire son nom. Ils prêchaient la métempsycose astronomique ; c’est-à-dire que, selon leur

  1. Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 448.
  2. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. II, p. 474.