Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MAL
MAL
— 437 —

anneau dont voici la recette : « Vous ferez un anneau de pur argent, dans le chaton duquel vous enchâsserez un morceau de corne de pied d’élan ; puis vous choisirez un lundi du printemps auquel la lune sera en aspect bénin ou en conjonction avec Jupiter ou Vénus, et à l’heure favorable de la constellation, vous graverez en dedans de l’anneau ce qui suit : Dabi, Habi, Haber, Habi. Soyez assuré qu’en portant habituellement cet anneau au doigt du milieu de la main, il vous garantira du mal caduc[1]. » Si vous n’y croyez pas, moi non plus.

Maldonat, célèbre jésuite, né en 1534, à Casas de la Reina dans l’Estramadure. Il étudia à Salamanque et entra chez les jésuites de Rome en 1562. Deux ans après, il ouvrit, au collège de Glermont, à Paris, un cours de philosophie, dans lequel il obtint les plus brillants succès, quoiqu’il n’eût encore que trente ans. Ayant formé le dessein de travailler à un commentaire sur les quatre évangélistes, il crut voir, pendant quelques nuits, un homme qui l’exhortait à finir promptement cet ouvrage, et qui l’assurait qu’il l’achèverait, mais qu’il survivrait peu de jours à sa conclusion ; cet homme lui marquait en même temps un certain endroit du ventre, qui fut le même où Maldonat sentit les vives douleurs dont il mourut en 1583, peu de temps après avoir achevé son ouvrage.

Si l’ortie se trouve verte, c’est un signe de vie. — Page 436.

Male-Bête, monstre qui passait autrefois, dans l’opinion du peuple de Toulouse, pour courir les rues la nuit. La superstition avait fait croire que tous ceux qui rencontraient ou envisageaient la male-bête mouraient le lendemain.

Malebranche (Nicolas), savant prêtre de l’Oratoire, né à Paris en 1638, mort en 1715. On trouve dans sa Recherche de la vérité d’assez bonnes choses sur la sorcellerie, qu’il regarde comme une maladie d’imagination : ce qui est vrai assez souvent. On dit qu’en un certain temps il n’osait pas se moucher, parce qu’il était persuadé qu’il lui pendait un gigot de mouton au bout du nez. On ne le guérit de cette hallucination qu’en faisant semblant de couper le gigot avec un rasoir : c’est du moins ce qui a été raconté[2]. Voy. Mallebranche.

Maléfices. On appelle maléfices toutes pratiques superstitieuses employées dans le dessein de nuire aux hommes, aux animaux ou aux fruits de la terre. On appelle encore maléfices les maladies et autres accidents malheureux causés par un art infernal, et qui ne peuvent s’enlever que par un pouvoir surnaturel. Il y a sept principales sortes de maléfices employés par les sorciers:1° ils mettent dans le cœur une passion criminelle; 2° ils inspirent des sentiments de haine

  1. Le Petit Albert, p. 156.
  2. M. l’abbé Blampignon, dans la remarquable vie de Malebranche, qu’il a mise en avant de sa précieuse étude sur ce grand homme, n’a pas cité ce fait.