Aller au contenu

Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MEL
MÉP
— 454 —

colie se retirait. C’est qu’elle était obligée tous les samedis de passer ce jour dans sa forme naturelle, moitié femme et moitié serpent. Il vécut longtemps avec elle et en eut plusieurs enfants, surmontant jusque-là sa curiosité. Mais un jour, qu’il n’en fut pas le maître, c’était un samedi, il alla, par une fente de la porte, épier sa femme, et il la vit telle qu’elle était. La fée s’aperçut de l’indiscrétion, s’envola et ne se remontra plus à son mari.

On dit, dans le Poitou, qu’elle vient la nuit battre des mains et pousser des cris autour du château de Lusignan, toutes les fois qu’un de ses descendants doit mourir[1].

Melye. Il y avait chez les fées, comme chez les hommes, une inégalité de moyens et de puissance. On voit dans les romans de chevalerie et dans les contes merveilleux que souvent une fée bienfaisante était gênée dans ses bonnes intentions par une méchante fée dont le pouvoir était plus étendu.

Melye était une méchante fée. Voy. Urgande.

Menah. C’est une vallée mystérieuse à quatre lieues de la Mecque. Les pèlerins qui la parcourent doivent y jeter sept pierres par-dessus leur épaule. On en trouve trois raisons chez les docteurs musulmans : c’est, selon les uns, pour renoncer au diable et le rejeter, à l’imitation d’Ismaël, qu’il voulut tenter au moment où son père Abraham allait le sacrifier (car ils confondent Ismaël avec Isaac). Ismaël, disent-ils, fit fuir le démon en lui jetant des pierres.

Mais d’autres docteurs disent que le diable tenta Abraham lui-même, voulant l’empêcher d’égorger Ismaël. Il ne put rien gagner, ni sur le patriarche, ni sur Ismaël, ni même sur Agar : ces trois personnages l’éloignèrent à coups de pierres. Le troisième sentiment diffère : cette cérémonie aurait lieu en mémoire des pierres qu’Adam jeta au diable lorsqu’il vint l’aborder effrontément après lui avoir fait commettre le péché originel.

Ménandre, disciple de Simon le Magicien ; il profita des leçons de son maître et enseigna la même doctrine que lui. Il professait la magie. Simon se faisait appeler la Grande Vertu. Ménandre dit que, quant à lui, il était envoyé sur la terre par les puissances invisibles pour opérer le salut des hommes. Ainsi Ménandre et Simon doivent être mis au rang des faux messies plutôt qu’au rang des hérétiques. L’un et l’autre enseignaient que la suprême intelligence, qu’ils nommaient Ennoïa, avait donné l’être à un grand nombre de génies qui avaient formé le monde et la race des hommes. Valentin, qui vint plus tard, trouva là ses éons[2]. Ménandre donnait un baptême qui devait rendre immortel…

Menasseh ben Israël, savant juif portugais, né vers 1604. Il a beaucoup écrit sur le Thalmud. Il y a quelques faits merveilleux dans ses Trois livres de la résurrection des morts[3]. Son ouvrage de l’Espérance d’Israël[4] est curieux. Un juif converti de Villaflor en Portugal, Antoine Montesini, étant venu à Amsterdam vers 1649, publia qu’il avait vu dans l’Amérique méridionale de nombreuses traces des anciens Israélites. Menasseh ben Israël s’imagina là-dessus (avait-il tort ?) que les dix tribus enlevées par Salmanasar étaient allées s’établir dans ce pays-là, et que telle était l’origine des habitants de l’Amérique ; il publia son Spes Israelis pour le prouver. Dans la troisième partie de son livre, Souffle de vie[5], il traite des esprits et des démons, selon les idées des rabbins de son temps, et, dans la quatrième partie, de la métempsycose, qui est pour beaucoup de juifs une croyance. Il avait commencé un traité de la science des thalmudistes et un autre de la philosophie rabbinique, qui n’ont pas été achevés.

Ménestrier (Claude-François), jésuite, auteur d’un livre intitulé la Philosophie des images énigmatiques y où il traite des énigmes, hiéroglyphes, oracles, prophéties, sorts, divinations, loteries, talismans, songes, centuries de Nostradamus et baguette divinatoire, in-12, Lyon, 1694.

Meneurs de loups. Près du château de Lusignan, ancienne demeure de Mélusine, on rencontre de vieux bergers, maigres et hideux comme des spectres : on dit qu’ils mènent des troupeaux de loups. Cette superstition est encore accréditée dans quelques pays, entre autres dans le Nivernais[6].

Menippe, compagnon d’Apollonius de Tyane. Visité d’une lamie ou démon succube, il en fut délivré par Apollonius[7].

Menjoin, sorcier. Voy. Chorropique.

Menra ou le Verbe. C’est le Créateur dans la doctrine des cabalistes.

Mensonge. Le diable est appelé dans l’Évangile le père du mensonge.

Méphistophélès, démon de Faust ; on le reconnaît à sa froide méchanceté, à ce rire amer qui insulte aux larmes, à la joie féroce que lui cause l’aspect des douleurs. C’est lui qui, par la raillerie, attaque les vertus, abreuve de mépris les talents, fait mordre sur l’éclat de la gloire la rouille de la calomnie. Il n’était pas inconnu à Voltaire, à Parny et à quelques autres. C’est, après Satan, le plus redoutable meneur de l’enfer[8]. Voy. Faust.

  1. Voyez sa légende dans les Légendes des esprits et démons.
  2. Bergier, Dictionnaire théologique.
  3. Libri très de resurrectione mortuorum. Amsterdam, 4 636, in-8o. Typis sumptibus auctoris.
  4. Spes Israelis, Amsterdam, 4650, in-42.
  5. En hébreu. Amsterdam, 5442 (4652), in-4o.
  6. M. de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la France au quatorzième siècle, t. Ier.
  7. Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions des esprits, liv. IV, p. 340.
  8. MM. Desaur et de Saint-Geniès, les Aventures de Faust, t. Ier.