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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/474

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encore la fausseté, la fourberie et l’avarice. Le corps penché en avant annonce un homme prudent et laborieux. Le corps penché en arrière annonce un homme vain, médiocre et orgueilleux.

Les borgnes, les boiteux et surtout les bossus, dit Albert le Grand, sont rusés, spirituels, un peu malins et passablement méchants.

L’homme sage ne rit aux éclats que rarement


et peu. Il se contente ordinairement de sourire. Quelle différence entre le rire affectueux de l’humanité et le rire infernal qui se réjouit du mal d’autrui ! Il est des larmes qui pénètrent les cieux ; il en est d’autres qui provoquent l’indignation et le mépris.

Remarquez aussi la voix (comme les Italiens le font dans leurs passe-ports et dans leurs signalements) ; distinguez si elle est haute ou basse, forte ou faible, claire ou sourde, douce ou rude, juste ou fausse. Le son de la voix, son articulation, sa faiblesse et son étendue, ses inflexions dans le haut et dans le bas, la volubilité et l’embarras de la langue, tout cela est infiniment caractéristique. Le cri des animaux les plus courageux est simple, dit Aristote, et ils le poussent sans effort marqué. Celui des animaux timides est beaucoup plus perçant. Comparez à cet égard le lion, le bœuf, le coq qui chante son triomphe, avec le cerf et le lièvre ; ceci peut s’appliquer aux hommes. La voix grosse et forte annonce un homme robuste ; la voix faible un homme timide. La voix claire et sonnante dénote quelquefois un menteur ; la voix habituellement tremblante indique souvent un naturel soupçonneux. L’effronté et l’insolent ont la voix haute. La voix rude est un signe de grossièreté. La voix douce et pleine, agréable à l’oreille, annonce un heureux naturel.

Un homme raisonnable se met tout autrement qu’un fat ; une femme pieuse, autrement qu’une coquette. La propreté et la négligence, la simplicité et la magnificence, le bon et le mauvais goût, la présomption et la décence, la modestie et la fausse honte : voilà autant de choses qu’on distingue à l’habillement seul. La couleur, la coupe, la façon, l’assortiment d’un habit, tout cela est expressif encore et nous caractérise. Le sage est simple et uni dans son extérieur ; la simplicité lui est naturelle. On reconnaît bientôt un homme qui s’est paré dans l’intention de plaire, celui qui ne cherche qu’à briller et celui qui se néglige, soit pour insulter à la décence, soit pour se singulariser.

Il y aurait aussi des remarques à faire sur le choix et l’arrangement des meubles, dit Lavater. Souvent d’après ces bagatelles on peut juger l’esprit et le caractère du propriétaire ; mais on ne doit pas tout dire. Voy. Physiognomonie.