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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/481

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pieds tournés en arrière, ce qui rendait ces hommes extrêmement légers à la course.

On voit dans de vieilles chroniques qu’il y avait au nord des hommes qui n’avaient qu’un œil au milieu du front ; en Albanie, des hommes dont les cheveux devenaient blancs dès l’enfance, et qui voyaient mieux la nuit que le jour (conte produit par les Albinos) ; des Indiens qui avaient des têtes de chien ; d’autres sans cou et sans tête, ayant les yeux aux épaules, et, ce qui surpasse ton le admira Lion, un peuple dont le corps était velu et couvert de plumes comme les oiseaux, et qui se nourrissait seulement de l’odeur des fleurs. On a pourtant ajouté foi à ces fables.

N’oublions pas celles qui se trouvent consignées dans le Journal des voyages de Jean Struys, qui dit avoir vu de ses propres yeux les habitants de l’île de Formose ayant une queue au derrière, comme les bœufs. Il parle aussi d’une espèce de concombre, qui se nourrit, dit-on, des plantes voisines. Cet auteur ajoute que ce fruit surprenant a la figure d’un agneau, avec les pieds, la tête et la queue de cet animal distinctement formés ; d’où on l’appelle, en langage du pays, banaret ou bonarez, qui signifie agneau. Sa peau est couverte d’un duvet fond blanc, aussi délié que la soie. Les ïartares en font grand cas, et la plupart le gardent avec soin dans leurs maisons, où cet auteur en a vu plusieurs. Il croît sur une tige d’environ trois pieds de haut. L’endroit par où il tient à sa tige est une espèce de nombril, sur lequel il se tourne et se baisse vers les herbes qui lui servent de nourriture, se séchant et se flétrissant aussitôt que ces herbes lui manquent. Les loups l’aiment et le dévorent avec avidité, parce qu’il a le goût de la chair d’agneau ; et l’auteur ajoute qu’on lui a assuré que cette plante a effectivement des os, du sang et de la chair : d’où vient qu’on l’appelle encore dans le pays zoaphité, c’est-à-dire plante animale[1].

Montagnards, démons qui font leur séjour dans les mines sous les montagnes, et tourmentent les mineurs. Ils ont trois pieds de haut, un visage horrible, un air de vieillesse, une camisole et un tablier de cuir, comme les ouvriers dont ils prennent souvent la figure. Ils sont soumis à un esprit géant ; ce qui fait contraste. On dit que ces démons autrefois n’étaient pas malfaisants, qu’ils entendaient même la plaisanterie ; mais une insulte leur était sensible, et ils la souffraient rarement sans se venger. Un mineur eut l’audace de dire des injures à un de ces démons. Le démon indigné sauta sur le mineur et lui tordit le cou. L’infortuné n’en mourut pas, mais il eut le cou renversé et le visage tourné par derrière tout le reste de sa vie. Il y a eu des gens qui l’ont vu en cet état, dit le narrateur… Ils avaient de bons yeux. Voy. Mineurs.

Montalembert (Adrien de), aumônier de François I er, auteur d’un ouvrage intitulé La merveilleuse Histoire de l’esprit qui depuis naguère s’est apparu au monastère des religieuses de Saint-Pierre de Lyon. Paris, 1528, in-/i° ; Rouen, 1529 ; Paris, 1580, in-12. C’est l’histoire d’Alice de Télieux.

Montan, chef des hérétiques montanistes au onzième siècle. C’était un eunuque phrygien. Il avait des attaques d’épilepsie, et il les fit passer pour des extases où il s’entretenait avec Dieu. Il reconnaissait que le Saint-Esprit était venu, mais il le distinguait du Paraclet, et il disait : C’est moi qui suis le Paraclet. Les montanistes admettaient les femmes à la prêtrise.

Montanay, sorcier. Voy. Galigaï.

Montézuma. Voy. Présages.

Monture des esprits. Dans les idées de l’Irlande et de plusieurs autres peuplades du Nord, les esprits, fées ou lutins, qui ont à voyager enfourchent un jonc, un brin d’herbe, un tronc de

choux, et toute autre chose ; sur cette monture ils parcourent des distances incroyables en un quart d’heure.

Mopsus, devin de l’antiquité, qui se montra plus habile que Calchas et le fit mourir de jalousie.

Morail, démon qui a la puissance de rendre invisible, selon les Clavicules de Salomon.

Morax ou Forai, capitaine, comte et président de plusieurs bandes infernales ; il se fait voir sous la forme d’un taureau. Lorsqu’il prend la figure humaine, il instruit l’homme dans l’astronomie et dans tous les arts libéraux. Il est le prince des esprits familiers qui sont doux et sages.

Il a sous ses ordres trente-six légions.

Mordad, l’ange de la mort chez les mages.

Moreau, chiromancien du dix-neuxième siècle, qui, dit-on, prédit à Napoléon sa chute et ses malheurs. Bien d’autres furent aussi sorciers que lui. Il exerçait à Paris, où il est mort en 1825.

Morel (Louise), sorcière, tante de Marie Martin. Voy. Martin.

Morgane, sœur du roi Arthus, élève de Merlin, qui lui enseigna la magie ; elle est fameuse

  1. Lebrun, Histoire des superstitions, t. I, p. 442